Édition bilingue – Bilingual edition
Traduction / Translation : Jean-Paul Lafourcade
Les méprises en temps de guerre sont courantes et font partie de cette dure réalité. Que ce soit sur terre, sur mer ou dans les airs, elles ont existé et continueront à exister quoique l’on fasse pour les prévenir. On ne peut que le déplorer et ressentir un légitime sentiment d’injustice, mais il faut faire avec et ne pas s’en émouvoir outre mesure. Au cours de la Seconde guerre mondiale, tous les belligérants ont été tour à tour victimes ou auteurs, et ces drames, quand ils ont été identifiés, ont souvent été suivi d’une cours martiale qui a été généralement indulgente dans ses sentences.
Bien sûr, il y a des périodes de l’histoire qui sont peut-être plus susceptibles de connaître de genre de drames, et la campagne de France en fait sûrement partie à cause de la rapidité à laquelle les événements se sont déroulés, qui ont accentué le stress et facilité la précipitation des décisions, et aussi parce qu’aucun des combattants n’avaient l’expérience d’une guerre d’une telle ampleur, facteur probablement aggravant. La destruction de nombreuses archives et la tentative souvent maladroite de les reconstituer par la suite, parfois dans le but de servir une propagande, complique beaucoup les choses et on a parfois du mal a savoir ce qui a vraiment pu se passer à un moment donné ; en conséquence il faut rester prudent dans l’interprétation des faits reconstitués en évitant d’être trop catégorique et laisser plutôt le lecteur de se faire sa propre idée.
Arnaud Gillet s’attache depuis plusieurs années et avec sérieux et minutie à établir les faits tels qu’ils se sont vraiment passés pendant la campagne de France au travers de ces ouvrages consacrés aux revendications de victoires aériennes de l’armée de l’Air et de la RAF. Ici, il nous propose dans une mise en page claire, de nous raconter ce qui s’est passé le 14 mai 1940 au-dessus de Sedan et de mettre en lumière une méprise regrettable dont les pilotes du GC III/7 auraient été les malheureux auteurs au détriment de Fairey Battle du N°142 Squadron et d’un LeO 451 du GB I/12. Le fait n’est pas nouveau en soit (sauf pour le LeO), puisqu’ il apparaît déjà dans le livre ‘The Battle of France, then and now’ paru en 2007. Devant une telle méprise incroyable, connaître les arguments de l’auteur est une chose qui semblait en effet nécessaire et le hors-série un outil bien adapté à la situation.
Preuves à l’appui, récoltées après de nombreuses années de fouilles et de recherches, l’auteur nous développe son argumentaire à partir des faits constatés. Il y ajoute des interprétations dont certaines, même si cela ne change rien au sens de l’histoire, sont un peu maladroites comme la chute du Battle de Chéhéry et de son schéma explicatif qui me semble peu vraisemblable car contraire aux lois aérodynamiques.
Ceci étant, ce livre est un élément à mettre sans aucun doute dans le dossier ‘La campagne de France’, même si je regrette un peu que l’auteur se soit laissé tenté à écrire des affirmations sur les motivations des uns et des autres et pour lesquelles le conditionnel aurait été mieux adapté : le doute doit toujours profiter à l’accusé.
Philippe Listemann
88 pages A4 (21 x 29,7 cm), couverture souple (softcover)