En ce qui concerne l’histoire de Heller, Jean-Christophe Carbonel s’était déjà illustré avec un remarquable Heller, la maquette à la française. Il frappe à nouveau… à notre grande satisfaction, avec une idée autant pertinente qu’originale, celle d’utiliser la collection « Maquettes et figurines » pour nous proposer (à un prix raisonnable) une histoire de la gamme Heller-Musée.
Bref rappel : dans les années soixante, le maquettisme plastique était une occupation récente qui se cherchait encore (incertitude perceptible dans le foisonnement des échelles proposées), loisir tenu essentiellement par des fabricants britanniques, américains ou allemands. Bien entendu, les appareils français de la campagne de 1940 étaient absents des catalogues, et c’est cette lacune que Heller chercha à combler avec sa désormais célèbre collection « Heller-Musée ».
C’est une histoire riche en avatars et rebondissements que nous narre Jean-Christophe Carbonel de façon à la fois plaisante et édifiante ; démarche méritoire, les archives de la société Heller étant éparses et en bonne partie perdues. Le résultat pourrait étonner qui ne connaîtrait pas les ressources et l’engouement tenace de l’auteur pour le sujet : bien des non-maquettistes dévoreront ce petit livre d’une seule traite. Doit-on qualifier cet ouvrage « d’étude » ? Pourquoi pas ? Mais cela lui donnerait un aspect rébarbatif dont il est dépourvu. Un récit, donc ? Peut-être, puisque le ton y est très vivant, mais dans ce cas il s’agit d’un récit bigrement riche de renseignements.
Le très actif webmestre de Modelstories* a plus d’une corde à son arc (on connaît son goût immodéré pour les appareils bizarroïdes), mais avec « Heller-Musée », il évolue dans son élément, avec une aisance perceptible à chaque page. Le texte est mené rondement, émaillé de témoignages et d’anecdotes, accompagné d’une riche iconographie qu’on ne trouvera pas sous le sabot d’un cheval (quelle que soit son échelle).
Les grands enfants du baby boom retrouveront avec plaisir des noms désormais emblématiques, des boxarts (illustrations de boîtes) et photos de maquettes qu’ils ont bien connues… ou devant lesquelles ils ont rêvé. Au-delà de son aspect « séquence nostalgie », cette petite étude présente l’intérêt de mettre en lumière l’époque de la transition entre une « maquette-jouet » et un loisir d’adulte (pinailleur de préférence). Largement (et judicieusement) illustré, un livre qui sous ses dimensions modestes recèle bien des informations. Chaudement recommandé !
Philippe Ballarini
64 pages, 20 x 24 cm, broché
200 illustrations
– Les autres ouvrages de la collection Figurines, maquettes et jouets
* Modelstories : 2001-2010, dix ans déjà !