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La Grande Guerre aérienne

Yves Buffetaut

Les éditions YSEC, dont Yves Buffetaut, historien, est le gérant depuis 2000, sont spécialisées dans les deux conflits mondiaux, à travers de petits ouvrages, très illustrés et peu onéreux, aptes à toucher le grand public. Le premier conflit mondial a déjà été chez elles le sujet de nombreux ouvrages, dont l’objet n’est pas toujours courant, tels Un prêtre aux armées, cinq tomes sur les hôpitaux militaires ou encore L’alimentation du soldat en 14-18. Pour autant, la guerre aérienne n’avait été traitée qu’à travers La bataille aérienne de la Somme et un petit guide de 32 pages, Avions de la Grande Guerre (Yves Buffetaut également, pour les deux). Il manquait donc dans cette offre éditoriale un ouvrage qui traitât du fait aérien en 14-18, ce qui vient d’être réparé.

L’auteur se propose de donner une vision d’ensemble à travers quatre grands chapitres : « Les grandes dates de l’aviation », « Les grands as », « Les avions célèbres » et « Les unités prestigieuses ». Le titre du premier est ambigu, dans la mesure où l’auteur ne revisite pas les débuts de l’aviation, mais évoque, en six articles, quelques grandes périodes aéronautiques entre 1914 et 1918. Si cinq sont tout à fait à propos, on peut s’interroger sur celui intitulé « 1917, sur un terrain d’aviation de l’Aisne » qui n’est « qu’un » reportage photographique commenté, certes pertinemment, mais qui aurait pu céder la place à un sujet plus marquant, tel le premier raid massif de bombardement sur les usines d’explosifs de Ludwigshafen, en 1915.
Le second était inévitable, tant le phénomène des as est incontournable dans l’histoire de l’aviation militaire de 14-18. L’auteur nous évite les sempiternelles litanies sur Guynemer, et choisit ainsi Fonck, Nungesser, Richthofen, Mannock et Voss, le plus souvent à travers leurs avions. Ces portraits rapides ne relèvent pas de l’hagiographie et ramènent ces pilotes à l’humain et au concret, ce qu’il faut saluer.
La troisième partie est la plus déroutante quant au choix des appareils « célèbres » : Fokker E, Fokker DVII et Breguet XIV (B2), c’est tout ! On aurait aimé un peu moins de Fokker et au moins, quelques pages sur des chasseurs alliés très répandus, tels les Spad VII et XIII, par exemple. De même, les avions britanniques ou encore les bombardiers allemands sont du coup passés à trappe.

Le dernier chapitre braque son projecteur sur trois « unités aériennes prestigieuses » : le Centre d’hydravions de Saint-Raphaël, l’Escadrille « La Fayette » et la JG 1. Là encore, on peut se demander en quoi le centre d’Aéronautique maritime de Saint-Raphaël peut être considéré comme « prestigieux », ce qui est par ailleurs indiscutable pour la « La Fayette » et la JG 1. Peut-être l’auteur a-t-il voulu évoquer les marins aviateurs et leur engagement, ce qui est louable, mais l’article occupe lui aussi une place qui aurait pu être réservée à des unités qui répondent nettement mieux au critère initial, telles le « Groupe des cigognes » pour la France, certaines escadrilles italiennes dont les traditions sont toujours bien vivantes, ou encore quelques aerosquadrons américains, ne serait-ce que celui de Rickenbaker.

La quatrième de couverture révèle finalement la raison de ces choix (« Ce livre est composé d’articles parus dans le magazine « Tranchées » et de textes inédits  »), ce qui signifie que la matière principale, déjà existante, a été rassemblée et organisée sous le thème de la « guerre aérienne 14-18 », ce qui a immanquablement conduit à ces choix étonnants. Toutefois, la maîtrise du sujet et un propos clair, non réservé aux spécialistes, constituent l’intérêt majeur de l’ouvrage. Idem pour l’iconographie qui est très présente, abondamment et intelligemment légendée. Mention tout à fait spéciale pour les 58 profils couleurs d’Éric Schwartz, absolument magnifiques, notamment au niveau du rendu des matériaux, telles les nervures du revêtement de bois du fuselage d’Albatross DIII (page 31) ou du Ponnier M1 de Nungesser (page 71) ! Malgré un contenu discutable quant à l’objectif fixé, La Grande Guerre aérienne d’Yves Buffetaut reste un ouvrage très accessible, tant au niveau du prix que du contenu, bien fini, et qui pourra amener le lecteur à d’autres lectures plus spécialisées.

Bernard Palmieri


160 pages, 22 x 27 cm
Plus de 160 photos d’époque et 55 profils signés Éric Schwartz
0,680 kg

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YSEC

ISBN 978-2-846-73-305-5

28 €