Avertissement : Cet article contient des éléments de l’intrigue. Si vous n’avez pas lu le tome précédent, nous vous invitons à consulter la page consacrée au volume 1 : La chose sous les tranchées.
Au cas où vous l’ignoreriez encore, Richard D. Nolane est un des maîtres contemporains de la littérature fantastique. Sous un faux air d’uchronies, les scénarios de ses bandes dessinées tournent vite à la science-fiction, voire au paranormal. C’est un genre littéraire (Richard Nolane écrit également des romans et des nouvelles) dans lequel il fait preuve d’une grande culture et d’une indéniable maestria. Ses récits font toujours appel à des personnages historiques plus ou moins connus, ainsi qu’à des épisodes du réel, ce qui ajoute au semblant de véracité en reliant ses histoires au monde du réel. Et tous ces personnages qui ne se sont jamais vus se rencontrent et interviennent de concert ! Dans La Grande Guerre des mondes, Camille Flammarion* rencontre H.G. Wells, le bactériologue August von Wassermann* et le jeune Albert Einstein. Raspoutine, quant à lui, livre au professeur Challenger* un secret délivré par un chamane à propos de l’événement prodigieux (et bien réel) de la Toungouska. Interviennent également Nicolas II en personne, Poincaré, Guynemer, von Falkenhayn, Nikola Tesla… Du beau linge ! Le plus beau est que tout cela a l’apparence du crédible : c’est fantastique, mais structuré. L’imagination de Richard Nolane est visiblement très fertile, mais comme il s’appuie sur du réel, cela ne relève pas du délirant fantaisiste.
…Et tous ces personnages qui ne se sont jamais vus se rencontrent…
À gauche, Camille Flammarion et Albert Einstein. À droite, le professeur Challenger
L’allusion, voire la référence, à La guerre des mondes est évidente, mais si certaines scènes ne sont pas sans similitude avec le roman de H.G. Wells, vous ne devinerez ni le déroulement ni la conclusion de ce scénario. Nolane sait prendre ses distances avec ses maîtres. Et l’aéronautique, dans tout cela ? Certes, elle n’est pas au centre de l’histoire, mais elle est bien présente : avion de reconnaissance allemand, dirigeable russe et un Handley-Page O/400 qui tient un rôle important dans cette histoire ébouriffante.
Georges Guynemer aux commandes d’un Handley-Page O/400 ? Pourquoi pas ?
Au dessin, l’artiste croate Zeljko Vladetic est toujours aussi convaincant, tandis qu’à la couleur on retrouve Desimir Miljić qui avait remplacé Aurore Folny pour le tome 2. Pratique de plus en plus courante aux éditions Soleil, la couverture est signée d’une autre personne (Pierre Loyvet pour cette collection). On notera que cet album est un peu plus épais que ses prédécesseurs (54 planches au lieu de 46). Contrairement à la saga-fleuve Wunderwaffen, cette série trouve son terme à la fin du troisième volume. Mais est-ce vraiment la fin de cette histoire ? On peut en douter tant l’imagination du scénariste est prolifique… et également en raison de ce point d’interrogation qui figure dans la dernière vignette.
Philippe Ballarini
* Camille Flammarion : éminent astronome français
* Le professeur August von Wassermann est l’un des « pères » de la réaction Bordet-Wassermann, sérodiagnostic de la syphilis
* Professeur Challenger : scientifique britannique imaginé par Conan Doyle pour son roman Le Monde perdu (The lost World – 1912)
56 pages, 21,5 x 29 cm, relié couverture rigide
Les albums de la collection La Grande Guerre des mondes
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Soleil
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