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La Guerre Aérienne au-dessus du département des Ardennes [Vol.2]

janvier 1944 – juin 1944
Françoise & Pierre Roger

Voilà le genre de livre qu’on découvre toujours avec impatience, car on sait que les auteurs, les « régionaux de l’étape » ont mis bout à bout des informations patiemment collectées, auprès des archives locales et départementales, des témoins de l’époque, des services historiques et de la littérature spécialisée, et que justement, on pourra compléter la localisation géographique dans les ouvrages publiés Outre-Manche (série des « Losses… »).

Comme souvent dans l’auto-édition, la masse d’information est dense, touffue. De fait, le livre manque un peu de « respiration ». Des pages complètes de texte serré, les photographies étant rassemblées sur d’autres pages, alors qu’elles auraient gagné à être disséminées dans le corps de l’ouvrage. La qualité du papier utilisé pour l’impression l’aurait permis.

Le titre le précise bien, il s’agit de la guerre aérienne, et non pas seulement des chutes d’avions dans le département des Ardennes. On s’évade donc parfois des limites du « 08 » pour connaître la fin tragique d’un équipage, suite à un combat aérien commencé dans le ciel ardennais. Les époux Roger abordent aussi les quelques missions de bombardement qui se sont déroulés dans le secteur concerné pendant ce premier semestre 1944.

On sent un léger déséquilibre selon l’armée de l’air d’appartenance : certes, la recherche sur les pertes de la Luftwaffe est un sujet difficile, mais Françoise et Pierre Roger s’en sortent plutôt bien. De même les pertes américaines sont souvent bien traitées, visiblement en se basant sur les renseignements fournis par l’Air Force Historical Research Agency (quid des Archives Nationales américaines, en matière de MACR et de rapports d’évasion ?) Par contre, j’ai trouvé le livre plus faible pour ce qui concerne les pertes de la Royal Air Force. Ici encore la seule source semble avoir été l’Air Historical Branch, alors qu’une foultitude de détails aurait pu être glanée aux archives nationales à Kew ainsi qu’au RAF Museum de Hendon. Les prénoms des aviateurs de la RAF sont rarement indiqués, alors que ceux de leurs homologues américains sont toujours donnés. Pour ceux qui ont fait le sacrifice suprême, il suffisait de consulter le site de la Commonwealth War Graves Commission, pourtant cité parmi les sources. Je trouve personnellement que donner les prénoms de ces aviateurs les « humanise » davantage que de simples initiales. Pour les survivants, c’est plus difficile mais possible.

Dans les petits tableaux récapitulatifs, il aurait été pratique d’ajouter la fonction des hommes d’équipage (l’ordre usuel, plaçant le pilote en premier, n’est pas toujours respecté, ce qui n’aide pas à la compréhension), ainsi que leur sort (tués, prisonniers, évadés).

Le ballon mentionné page 106 pourrait être un ballon de barrage, mais la présence de câbles fait plutôt penser aux ballons offensifs lancés par les britanniques (wire trailing balloon), pour arracher les fils électriques et téléphoniques, dans le cadre de l’opération Outward .

Il manque d’une façon générale une relecture par un tiers bien au fait de la guerre aérienne, qui aurait détecté les petites erreurs et incohérences que l’on rencontre dans le livre. Par exemple : Lockheed orthographié sans ‘H’ dans tout le livre, le 358th BS faisait partie du 303rd BG (le 354th BG n’a jamais existé), page 99 ; le Squadron 441 n’a jamais volé sur Typhoon, par contre le F/O JASPIS et le W/O MERRETT (avec un ‘E’) volaient au 609 (qui était bien une unité de Typhoon). En revanche, ils ne sont pas crédités d’un Me-210 ce jour-là. Un peu plus bas, on parle de P-51 des Squadron 19 et 61. Pour pinailler, ajoutons qu’on ne devrait parler que de Mustang dans la RAF (pas de P-51, même si c’est le même avion), et le Squadron 61 de toute façon volait sur Lancaster à cette époque.

Ces petites fautes ne doivent pas priver le lecteur de l’excellente somme de recherches que représente cet opus, et qu’il pourra, selon ses besoins et ses envies, simplement le lire dans l’état ou compléter. Nul doute que le volume 3 comprendra lui aussi un erratum. Les époux Roger sont des artisans de la recherche sur l’histoire locale de l’aviation, et cet artisanat doit être encouragé.

Jocelyn Leclercq


128 pages, 17 x 24,5 cm, broché

Le volume 1
Le volume 2
Le volume 3

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Françoise & Pierre Roger autoéditeurs

ISBN 2-912775-28-0

26 €