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La Ligne Latécoère-Aéropostale

Portfolio
Benoît Heimermann – Marie-Vincente Latécoère – Martine Laporte

 Coup de cœur 2011 


En solde

Tout bonnement splendide ! Hormis « superbe », c’est le seul adjectif qui me soit venu à l’esprit à la réception de cet ouvrage. Entouré à ce moment de personnes qui portent à l’histoire de l’aviation un intérêt similaire à celui que je manifeste pour le point de croix et le macramé, j’ai pu mesurer l’enthousiasme non feint suscité par ce portfolio d’une qualité hors du commun.

Cela commence par un format inhabituel : un élégant étui en épais carton pelliculé, aussi sobre que raffiné, contenant des documents au format « cloche » (30 x 40 cm) ; taille judicieusement choisie, car permettant de réaliser aisément des sous-verre. Avant que nous n’accédions à la collection de photographies provenant pour la plupart de la collection de Marie-Vincente Latécoère, un aimable cahier au texte signé Benoît Heimermann nous brosse à grands traits — non sans un certain lyrisme — le cadre de cette aventure unique… rappelant au passage qu’au-delà de l’évident romantisme qui perdure de nos jours, le chemin fut parsemé de morts, de chausse-trapes politiques et financières et de bien des souffrances. La photo de couverture de ce cahier, représentant Noël Gauthier, Joseph Roig et Paul Vachet devant un Breguet XIV, est particulièrement éloquente.

Précisons d’emblée qu’à l’exception d’un document, les vingt photographies présentes n’ont pas pour vocation de faire découvrir des documents inédits. La plupart sont connues, voire célèbres : portrait de Jean Mermoz, Cap Juby vu d’avion, Potez 25 au-dessus de la Cordillère des Andes… De toute évidence, le but principal est de nous proposer des reproductions remarquables par leur grande qualité. Et sur ce point… chapeau bas ! Pour certaines de ces reproductions, on peine — même à la loupe — à discerner le grain. Il faut savoir que certaines des ces photographies ont été prises avec une « chambre », et d’autres vraisemblablement avec un appareil utilisant de la pellicule de type 120 (négatifs 6 x 9 cm). Quand vous saurez que ces tirages ont été effectués sur du papier glacé de fort grammage (250 g/m²), vous commencerez à entr’apercevoir la qualité des documents. Ajoutons à cela que Martine Laporte, à qui nous devions déjà un calendrier perpétuel très réussi, est une personne qui non seulement dispose d’un goût très sûr, mais sait se montrer exigeante, et vous aurez enfin une vision de ce qu’elle vous propose cette fois. Il est bien entendu que si certaines photographies sont d’une étonnante netteté (celle représentant des rois africains posant devant un Laté 28 est impressionnante de « piqué »), d’autres clichés pris dans des conditions plus délicates (le Potez 25 F-AJDY au-dessus des Andes) offrent un peu moins de netteté. Toutes néanmoins sont empreintes d’un charme désuet qui nous porte de Toulouse à Santiago du Chili. La liste figurant en annexe ci-dessous vous montrera qu’un choix équilibré a été effectué entre célébrités, personnages moins connus, photos de groupe, appareils mythiques, des Breguet XIV et Potez 25 aux « paquebots volants » Laté 521 et Laté 631. Vous y noterez également une carte non dénuée d’intérêt, réalisée par l’ingénieur Marcel Moine, intitulée « Condensé de l’œuvre de Pierre Georges Latécoère ».

On me pardonnera une petite remarque ne remettant nullement en cause l’excellence de cette production. Intéressant bien évidemment nombre de « moustachus », cet ouvrage est également destiné au « grand public », y compris à de parfaits néophytes. Pour ces derniers, les légendes des photographies pèchent par un peu de légèreté. Les feuillets rédigés par Benoît Heimermann fournissent quelques éléments, mais ceux-ci ne sont pas toujours suffisants pour que le « débutant » comprenne ou apprécie l’importance de telle ou telle photographie. Par exemple, tout amateur averti connaît par le menu la mésaventure de Henri Guillaumet en 1930. Mais le « grand public » ? Un feuillet supplémentaire (30 x 40 cm recto-verso, par exemple), porteur de légendes plus riches, aurait été le bienvenu.

45 € : ce n’est certes pas tout à fait bon marché, mais compte tenu de l’excellence de cet ouvrage, réalisé avec un soin évident et sans qu’on ait lésiné, on pouvait s’attendre à un prix bien supérieur. Pour toutes ces raisons, le coup de cœur de l’Aérobibliothèque s’imposait comme une évidence. Si vous souhaitez prendre de l’avance pour les cadeaux de fin d’année, en voici un qui est tout indiqué, et qui saura séduire tant l’amateur éclairé que le « grand public » que la période de l’Entre-deux-guerres ne laisse pas indifférent.

Philippe Ballarini


8 pages + 20 reproductions photographiques, 30 x 40 cm sous étui cartonné pelliculé

Coup de cœur 2011

NDLA : Pour une fois, essayons de faire fi des ravageuses querelles qui sévissent autour de l’histoire des Lignes Latécoère et de l’Aéropostale ; prenons-nous à rêver qu’un jour prochain seront mutuellement reconnus les rôles essentiels de tous les artisans, grands ou petits, qui œuvrèrent à cette grandiose idée, qui y risquant ou y perdant leur fortune, qui y risquant ou y perdant la vie. Notons toutefois que l’appellation La Ligne Latécoère-Aéropostale relève historiquement de l’amalgame abusif. Les Lignes Latécoère ne sont pas plus l’Aéropostale que l’Aéropostale n’est la CGEA (les célèbres « Lignes Latécoère »).

Liste des photographies :
– Carte de l’ingénieur Marcel Moine
– Pierre Georges Latécoère dans son bureau parisien
Salmson 2A-2 devant les grandes halles de Montaudran
– P.G. Latécoère et R. Cornemont : vol d’essai Toulouse-Barcelone (Salmson 25/12/1918)
– Deux Breguet XIV survolant le Rio de Oro
– Cap Juby, escale mythique de la Ligne
– À Cap Juby : Antoine de Saint Exupéry, Maurice Dumesnil, Henri Guillaumet, Léon Antoine, Marcel Reine et leurs interprètes maures.
– 1923, reconnaissance Casablanca-Dakar : pilotes et mécaniciens autour de Beppo de Massimi
– Jean Mermoz, l’Archange
– 1925, reconnaissance Amérique Sud : À Rio, Gago Coutinho accueille Joseph Roig et Paul Vachet
– Atterrissage sur la plage de Praïa Grande à Santos (Brésil)
– 1925 : un Breguet XIV accidenté sur une plage brésilienne
– Henri Guillaumet et son ami Pierre Deley, pilote et chef d’aéroplace de Santiago du Chili
– Le dernier obstacle de la Ligne : le Cordillère des Andes (Potez 25)
– 13 juin 1930 : atterrissage en catastrophe d’Henri Guillaumet à la Laguna Diamante
– 12 et 13 mai 1930 : Première traversée commerciale de l’Atlantique Sud avec le Laté 28 F-AJNQ
– Juillet 1931 : visite de rois africains à Toulouse Montaudran
Laté 300 « Croix du Sud » F-AKGF
Laté 521 « Lieutenant de Vaisseau Paris » F-NORD dans le hangar de Biscarrosse
Laté 631 : l’hydravion transatlantique hexamoteur de 75 tonnes, à l’envergure impressionnante…

En bref

Villalobos-Latécoère Éditions

ISBN 978-2-9535837-1-7

Coup de cœur 2011
45 €