Coup de cœur 2017 |
Quelle bonne surprise !
Un livre complet sur un constructeur français méconnu. Et quel livre ! Un pavé de 400 pages de fort grammage à couverture rigide, richement illustré. On ne peut qu’applaudir à cette initiative.
Cet ouvrage est édité à titre associatif régional et n’est donc pas commercialisé dans les circuits classiques des libraires.
La SPCA est un constructeur de l’entre-deux guerres installé dans le Sud-Est de la France. Sa principale usine se situait dans les chantiers navals de La Ciotat, avec également des ateliers en pleine ville de Marseille. Spécialisée dans les hydravions, elle a aussi produit quelques avions terrestres pour tenter de concurrencer les constructeurs contemporains, sans grand succès malheureusement. En dehors d’une paire d’avions coloniaux, ce sont essentiellement des prototypes qui ont porté ce sigle. Mais leur histoire n’en méritait pas moins une étude approfondie. C’est chose faite, et bien faite.
Ce livre, bien que d’excellente facture, souffre néanmoins d’un côté quelque peu « amateur » dans sa construction. La mise en page avec des textes écrits en gros caractères sur une seule colonne, la typographie désuète (police de caractères typiquement informatique, majuscules non accentuées, symboles d’unités dépassés comme « cv » au lieu de « ch », renvois en fin de livre au lieu de bas de page, etc.) trahissent encore ce côté artisanal.
Pourtant, une fois passée cette première impression superficielle, la richesse de l’ouvrage est vraiment agréablement surprenante. Non seulement l’histoire de la société y est bien traitée, en profondeur, mais également celles des principaux acteurs, qu’ils soient ingénieur, à commencer par Louis Paulhan et Marcel Pillard, aussi bien que pilote, avec notamment une excellente biographie d’Ernest Burri. La mise en page aérée facilite la lecture, tout en apportant une forte densité d’information dans les textes. Les textes sont bien écrits et l’on sent à la lecture que l’auteur est attaché à la langue française autant qu’à la précision de l’histoire qu’il raconte. Les annexes enrichissent encore le tout de synthèses fort utiles. Chaque type d’avion ou d’hydravion fait l’objet d’un chapitre où il est traité en détail. Même la courte carrière opérationnelle des SPCA 218 est traitée, avec un récit détaillé de l’exploration du Sahara par la mission Wauthier, puis leur utilisation régulière entre Broken Hill et Madagascar. Malheureusement, une confusion s’y est glissée, car l’auteur n’a pas tenu compte de leur remplacement par des Bloch 120 à partir de mai 1935, d’où des chiffres erronés quant à leur emploi.
L’iconographie mérite également qu’on s’y attarde : de très nombreuses photos illustrent cet ouvrage. La bonne qualité d’impression les met bien en valeur. On regrette du coup que certains clichés de mauvaise qualité soient imprimés trop grand, alors que de bien meilleures photos sont réduites à une surface de timbre-poste (comme les vues du repêchage du SPCA II en fin d’ouvrage par exemple). Des dessins, des cartes, des plans et profils en couleur clairs et simples tracés à l’ordinateur, complètent bien l’illustration.
Pour ne rien gâcher, le prix de vente est plus que raisonnable pour un ouvrage d’une telle ampleur et d’une telle qualité d’impression et de façonnage. Si vous ne connaissez pas l’histoire des Météore, Paulhan-Pillard et SPCA divers, ou même si vous croyez un peu connaître leur carrière, plongez sur ce livre qui va vous en faire découvrir bien plus encore, avec souvent de bonnes surprises, illustrées de documents d’archives remarquables. Un travail d’histoire très bien fait, un excellent livre à recommander à tous les amateurs d’aviation ancienne.
Philippe Ricco
400 pages, 21,6 × 30,5 cm, relié/cartonné
431 photos, 147 dessins et profils couleurs