La “Saga” du Transport Aérien Militaire Français n’est rien d’autre que la véritable histoire des hommes et des femmes du transport aérien militaire en opérations, de 1978 à nos jours, contée avec cœur et passion par l’un des plus brillants d’entre eux, le général de corps aérien Alain Bévillard.
Les préfaces élogieuses de tous les chefs d’État-major (Armées, Terre, Air, Mer) marquent la vocation interarmées et tous azimuts des avions de transport militaires dont le premier chapitre du livre retrace le glorieux passé dans un concept national de défense évolutif, la pressante contrainte budgétaire, et la réalité géopolitique aboutissant à une mondialisation qui nourrit la crise. De l’Afrique à l’Indochine et partout, le TAM (transport aérien militaire) vient à la rescousse avec professionnalisme et dévouement, tel cette Force Aérienne de Projection reconnue, qui a si bien grandi au fil du temps.
Dans le chapitre 2, l’auteur se penche sur les évolutions du TAM durant ces 30 dernières années, suivant le triptyque : missions, organisation, moyens. Il déplore la fonte inexorable du parc aérien, occasionnant de multiples réorganisations d’unités, jusqu’à parfois confier le transport des troupes aux énormes Antonov An-124 ukrainiens, faute de quelques C-17, un temps dans les plans d’équipement. Progressivement, la flotte de plus de 320 appareils de 18 types différents, avions et hélicoptères confondus, offrant de réelles capacités manœuvrières, a diminué, pour atteindre moins de 230 appareils aujourd’hui. Ce resserrement du dispositif a profité néanmoins de quelques améliorations : la rénovation du C-160 Transall, l’acquisition en petit nombre de C-130, de cargos légers, d’Airbus moyens et longs courriers, et d’hélicoptères Cougar de recherche et de sauvetage. La baisse du potentiel aérien s’est accompagnée aussi d’une diminution drastique du nombre d’équipages attirés par l’aviation civile, dont le taux idéal de 1,5 par avion est tombé à moins de 1,2, avec les problèmes que l’on imagine. “Insuffisance et inadaptation des moyens” est le triste bilan que dresse l’auteur, saluant du même coup la vaillance des personnels au sol et en vol, engagés sur de nombreux théâtres d’opérations, et auxquels il rend un vibrant hommage à l’unisson de tous les anciens patrons du TAM.
C’est précisément là que nous emmène Alain Bévillard, d’abord avec les opérations extérieures, en expliquant comment elles se montent à partir du plus haut niveau de l’État. Il souligne, en spécialiste, le poids des aspects politiques et juridiques sur les règles d’engagement, aussi celui de l’opinion publique et de la communication. Puis, s’appuyant sur de nombreux témoignages et les livres de marche et d’opérations des unités, il nous entraîne de façon vivante au cœur même des actions aériennes dont on connaîtra les moindres détails : parachutages, posés d’assaut, aérotransport, pont aérien… souvent en compagnie des Képis blancs ou des Marsouins à bérets rouges (troupes de Marine parachutistes), toujours dans l’urgence, la peur parfois collée au corps, mais avec cette rage de vaincre et de servir défiant fatigue et danger, l’honneur de tous ceux qui ont partagés ce magnifique combat. On ressent au fil des pages passionnantes, étonnantes, et parfois émouvantes, le tourbillon de pales et d’hélices des appareils portés par une logique d’action, des odeurs de poudre, de pétrole, de latérite, et surtout cette immense solidarité des personnels du TAM, de la pointe de la flèche à l’échelon arrière de soutien, qui domine toutes les difficultés. Zaïre, Tchad, Rwanda, Burundi, Balkans, Asie Centrale, Côte-d’ivoire, les récits sont illustrés de nombreuses photos et anecdotes qui les replacent dans leur contexte historique, pour dire ce que ces militaires ont fait pour soulager la misère du monde et permettre à la France de tenir dignement son rang.
Un court chapitre aborde ensuite les opérations sur le territoire national, en métropole et outre-mer, en particulier dans le cadre de la Défense Aérienne, avant qu’une conclusion annonce le Tome 2, que nous attendons déjà avec impatience.
Quel bel ouvrage, incontournable sur le sujet, car complet et bien documenté ! Il ravira les connaisseurs et ceux qui découvriront du “pourquoi” au “comment” une composante majeure de nos forces armées, dont tous les acteurs tirent une légitime fierté.
Merci, Mon général, de l’avoir si bien écrit, merci Alain…
Richard Feeser
418 pages, format 21 x 27 cm, couverture souple
300 photos couleur
Préfaces du CEMA et de trois chefs d’état-major d’armée
Ce volume est suivi du tome 2.
