Nous y voici, Catherine Maunoury, la belle voltigeuse veut nous faire partager ses vols, sa passion, dire pourquoi et comment elle en est venue là, avouant aimer le vol pour relever un défi dans une quête éperdue d’elle-même. L’avion est un révélateur de personnalité. Le piloter à ses limites et le maîtriser dans l’espace est une lutte vers un plus pour elle comme pour les autres, tous ceux qui la regardent dans l’effroi de ses déclenchés en cascade et de ses vrilles à rendre malade.
Elle est l’héritière, la descendante, et les grands noms de l’aéronautique défilent derrière son cher grand père, casqué de cuir dans son biplan de 14, son père qui apprit à voler en cachette, et Marcel Charollais, le grand et célèbre voltigeur qui lui ouvrit les portes du ciel. Des femmes exemplaires habitent aussi son rêve de vol devenu réalité, et observent de leur nuage la piste de ses décollages calibrés vers l’infernal « box » où elle arrache deux fois le titre suprême de voltige aérienne. C’est Adrienne Bolland dont elle aime les exploits andins mais aussi le style décalé et rebelle ; c’est aussi la recordwoman et pilote d’essais Jacqueline Auriol. Catherine apprend à piloter en supportant les durs facteurs de charge et le stress d’avant compétition, sous le regard compréhensif de Coco son entraîneur. Ici les hommes sont paternels et protecteurs, patients et admiratifs, car cette aviatrice, autrefois écuyère, domine aussi ses peurs et sa technique pour mieux les épater.
De tout ça, elle parle si bien ! Elle écrit de belles lignes, légères comme des filets d’air, et raconte son histoire exceptionnelle de compétitrice et d’aviatrice passionnée par son art, où les purs sentiments tirent parfois des larmes dans un ciel toujours bleu.
Je connais les écrits de Catherine et aussi un peu l’auteur, toujours souriante, croisée ici et là aux pieds de son Extra 300. Une fois encore, elle nous livre son cœur d’or et son talent à être elle-même, vraie, sensible à émouvoir lorsqu’elle parle d’amour, généreuse précise et fière quand elle raconte son aviation sportive, qui devient ainsi un peu la nôtre. J’ai aimé ses 108 nouvelles pages passionnantes, comme le bilan d’une carrière sportive d’une vie pleine de projets. La reine Catherine avoue aussi ses ambitions pour le musée de l’air et de l’espace dont elle est devenue la directrice. La Sagesse de l’aviatrice est à lire d’une traite comme on mange un fruit délicieux.
Richard Feeser
112 pages, 10,5 x 20 cm, broché