La période de l’entre-deux-guerres, malgré sa relative brièveté, est cependant scindée en deux phases bien distinctes de part et d’autre de l’année 1930, en particulier pour ce qui concerne l’histoire de l’aviation légère et la construction des aérodromes « locaux »; l’Aéro-Club du Quercy et l’aérodrome de Labéraudie en sont un parfait exemple : le projet d’une plate-forme aéronautique près de Cahors est lancé en 1931 par diverses institutions locales, dont un aéro-club naissant ; l’initiative est soutenue par les autorités nationales, et le projet voit sa réalisation quelques années plus tard, le nouvel « aéroport » étant inauguré en juin 1935.
La vie de l’aérodrome ne commence pourtant pas sous les meilleurs auspices, puisque son inauguration est marquée par une superbe sortie de piste au décollage — heureusement sans blessures graves — du bimoteur Potez 661 piloté par Maurice Rossi et qui emmène le général Denain, ministre de l’Air. Si les performances de l’appareil sont également en cause, l’événement est symptomatique de nombre de ces nouveaux aérodromes dont les dimensions calculées a minima les condamneront à plus ou moins brève échéance, remplacés par des plates-formes plus sûres à une époque où les autorités françaises de l’aviation civile avaient encore les moyens d’une ambition d’aménagement du territoire, évolution souvent inéluctable, même si on ne peut que souscrire aux paroles de René Fournier qui regrettent dans sa préface la disparition de ces petits aérodromes pleins de poésie…
Cet ouvrage est le travail de Serge Austruy, réalisé à partir des documents qui avaient été rassemblés par son ami Claude Lufeaux, disparu en 2011; plus qu’une histoire complète de l’aéronautique dans la région de Cahors jusqu’en 1970, date à laquelle le terrain de Labéraudie cède la place à celui de Lalbenque, ce livre se veut un recueil de souvenirs, très bien illustré de nombreuses photographies inédites.
Un tel ouvrage était certainement attendu depuis longtemps par les amateurs locaux, mais tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’aviation générale y trouveront une belle évocation de ces temps révolus, sans compter les souvenirs des tous débuts de la riche carrière de René Fournier, le père des moto-planeurs bien connus.
La qualité de ce livre vient nous prouver une fois de plus qu’il reste encore de très nombreuses sources à explorer pour écrire l’histoire aéronautique locale de notre pays.
Pierre-François Mary
160 pages, 21 x 26 cm, broché couture fil
170 photos et documents d’époque
Préface de René Fournier, constructeur d’avions