Il est de certains passionnés d’aller au bout de leur sujet. Guy Thévenin, ancien pilote de TBM et co-auteur pour l’ARDHAN du livre sur la formation des pilotes de la Marine aux USA, s’est penché pendant trois ans sur l’histoire de l’Aéronautique Navale sur son île.
C’est le LV Delage, à bord d’un Nieuport qui fut le premier marin volant à fréquenter le ciel de l’île de beauté en 1912, et jusqu’en 1993, date de fermeture de la BAN Aspretto, pendant 81 ans ininterrompus, les aéronefs de l’Aviation Maritime, puis de l’Aéronautique Navale, ont largement contribué à l’histoire aérienne de la Corse. Par son emplacement, l’intérêt stratégique de cette île n’a pas échappé aux états-majors, et la seconde Guerre Mondiale est venue démontrer cette importance. Cette période fait l’objet d’un chapitre particulièrement riche.
L’histoire de la Marine en Corse se confond largement à l’histoire de la BAN d’Aspretto et de l’aérodrome de Campo Del Oro à Ajaccio, qui ont vu de nombreuses unités y stationner, mais aussi des nombreux plans d’eau, étangs et sites ayant vu les hydravions de la Marine les fréquenter parfois très temporairement. Des ballons captifs, aux Beech de l’école de formation des équipages de multimoteurs, les Breguet Bizerte en passant par les Walrus de la 4.S, les TBM de la 9.F en partance pour Suez, c’est une histoire dense et riche que retrace Guy Thevenin.
Outre l’évocation par le menu détail de la vie des marins sur ce porte-avion naturel, on trouve une étude très importante des infrastructures implantées par la Marine, dont les traces sont encore très visibles aujourd’hui. De nombreux plans illustrent les évolutions de ces bases.
Cette étude reprend toute cette histoire par le détail, s’attachant tout autant aux hommes, aux unités qu’aux aéronefs. Nous sommes en présence d’un livre, encore une fois au standard habituel de cette association éditrice, et sur ce point là il n’y a guère à redire. Pour une fois, les photos ont été regroupées, pour des questions économiques, en plusieurs cahiers, laissant le texte un peu nu. Mais la mise en page et l’organisation du texte rendent ce défaut vraiment mineur.
Le manuscrit initial de ce travail, qui s’apparente à une thèse d’historien, est un document de plus de 1000 pages, qu’il a fallu retravailler pour arriver à ce livre très abouti. La version intégrale a été remise au SHM de Vincennes où elle est consultable.
Notons que les membres de l’association bénéficient d’un tarif préférentiel pour cette publication, comme sur tous les autres ouvrages parus précédemment.
Frédéric Marsaly
448 pages, 21 x 29,7 cm, reliure cartonnée