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L’Aéropostale

Le courrier doit passer !
David Marchand, Guillaume Prévôt & Julie Guillem

Si Hergé (Tintin, entre autres) et Edgar P. Jacobs (Blake & Mortimer) furent les grands chantres de la « ligne claire », Julie Guillem, l’illustratrice de ce beau livre, semble être partisane de ce que l’on pourrait nommer la « ligne transparente ». En effet, si ses œuvres graphiques sont, chez elle aussi, constituées « d’aplats« *
, ce fameux trait noir qui sépare les couleurs dans la « ligne claire » est ici absent. Le résultat pictural ne manque ni d’élégance ni de poésie ; si l’ouvrage est initialement destiné à la jeunesse, il séduira les amateurs d’art et de belles images.

En ce qui concerne les courts textes qui accompagnent ce « beau livre », ils énumèrent les moments célèbres que l’on trouve de-ci de-là sur l’histoire des Lignes Latécoère et de l’Aéropostale : les violettes de Madame Lyautey, l’embauche de Mermoz, Saint-Exupéry à Cap Juby, la traversée des Andes… Tout ce qu’il faut pour intéresser la jeunesse à cette formidable histoire… plus compliquée qu’on ne croit généralement.

Il y a néanmoins dans cet album des choses qui, sans vraiment fâcher, agacent un tantinet. Une énième fois, on fait ici l’amalgame entre les Lignes Latécoère et l’Aéropostale. Or, on trouve ce terme « aéropostale » dans des pages évoquant les Lignes Latécoère (1925 – page 21 – alors que l’Aéropostale est née en 1927. Et cette « Société Générale Aéropostale » a été créée par Marcel Bouilloux-Lafont, qui n’était pas tout à fait « banquier français installé au Brésil » (page 30), mais maire de la commune d’Étampes*. On notera d’ailleurs que si P.-G. Latécoère a droit à un portrait en pleine page, M. Bouilloux-Lafont devra se contenter d’une minuscule évocation en deux lignes… quand bien même le nom de la compagnie qu’il a créée fait le titre du présent livre. Notons aussi que la bibliographie fera sourire les connaisseurs : il y manque des livres indispensables à qui s’intéresse au sujet*.

Enfin, ne soyons pas regardants outre mesure ; en dépit de nos remarques quelque peu acides, ce livre est sympathique à bien des aspects. Esthétique, avant tout. Initiatique également, car il pourrait bien inciter ses lectrices et lecteurs à s’intéresser davantage à ces lignes aériennes qui, si elles furent le tombeau de dizaines et dizaines de pilotes, mécaniciens, radios, navigateurs, demeurent un épisode fondateur de l’aéronautique commerciale française. Le livre, d’une taille supérieure à la moyenne (23,50 x 30,00 cm), est imprimé sur un très beau papier mat couché de fort grammage (200 g/m2*).

Par ailleurs, nous avons éminemment apprécié cette petite phrase glissée par l’éditeur : « Tu vides tes étagères et connais ce livre déjà par cœur ? Donne-le ! »

Philippe Ballarini


48 pages, 23,50 x 30,00 cm
0,660 kg


* aplats : quelques rares illustrations présentent un dégradé dans le ciel
* de 1912 à 1929
* Les deux volumes de Raymond Daniel Les pionniers de l’aviation commerciale :
– Tome 1 : Les lignes Latécoère (Privat – ISBN : 978-2-708-98611-4)
– Tome 2 : L’Aéropostale (Privat – ISBN : 978-2-708-98612-1)
* Les secrets de l’Aéropostale – Guillemette de Bure (Privat : ISBN 978-2-7089-9210-4)
* 200 g/m2, c’est sensiblement le grammage de certains papier bristol


L'Aéropostale
L’Aéropostale

Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Milan

L'Aéropostale
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Editions Milan

ISBN 978-2-4080-1495-7

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