L’aérostat dirigeable, une vieille idée moderne

Jean-Marc Truchet

L’aérostat dirigeable, une vieille idée moderne, est la thèse soutenue par Jean-Marc Truchet sur l’intérêt des ballons dirigeables dans le transport aérien futur. Présenté comme un nouveau moyen de transport de passagers, véritable alternative aux avions commerciaux jugés polluants, spoliateurs d’espace au détriment des autres vols (aéroclub…), dangereux et peu rentables, le dirigeable idéal permettrait un voyage confortable et écologique, « plus conforme au métabolisme humain. »

L’argumentaire revisite d’abord de façon assez complète et historique le glorieux passé de l’aérostation, du ballon d’observation de la bataille de Fleurus jusqu’à ceux, captifs de barrage et d’observation ou dirigeables de bombardement, de la première Guerre Mondiale. Une liste très complète des performances et records des ballons depuis 1784 jusqu’à nos jours souligne le grand intérêt qu’ont toujours suscité chez les militaires, mais aussi chez les civils, ces plus légers que l’air.

Les aspects techniques, écologiques, sociaux, souvent comparés à ceux des avions, sont ensuite développés pour justifier le grand projet de l’auteur : un moyen de transport régional d’une soixantaine de places, permettant de relier les grandes villes entre elles, en quasi porte-à-porte. Le voyage à basse altitude, présenté comme particulièrement confortable, d’Orléans à Brest, ne durerait qu’un peu plus de trois heures, passées à admirer derrière un large hublot le beau paysage défilant à 150 km/h… Ce rêve absolu de voyageur moderne, désenclavant les lointaines provinces, aurait également bien d’autres avantages. Il permettrait de faire l’économie de vastes installations aéroportuaires, réduirait les nuisances de bruit sur l’environnement et le dégagement d’oxyde de carbone dans l’atmosphère grâce au carburant vert qu’utiliseraient les moteurs propulsifs.

Bien sûr, l’auteur n’oublie pas le mauvais souvenir laissé par le crash en feu du Zeppelin allemand Hindenburg, à Lakehurst le 6 mai 1937. Gonflé à l’hydrogène il tua 30% de ses passagers. Mais il le compare aux accidents aériens plus récents, comme celui du Concorde, le 5 juillet 2000 où personne ne survécut. Il ne cache pas non plus les handicaps réels des dirigeables : vitesse limitée, manœuvre difficile près du sol par vent fort, consommation d’hélium coûteux, grande taille des hangars…

Un chapitre illustré de belles photos en couleur donne quelques exemples des dirigeables actuels (Skyship, Zeppelin). Un autre aborde le domaine réservé des « dirigeables ULM », plutôt pour aérostiers fortunés…. L’utilisation actuelle du ballon sonde météorologique, et certains projets en cours, en particulier chez le constructeur Zeppelin, sont également traités. On peut regretter que l’auteur n’en profite pas pour présenter d’autres études intéressantes, notamment dans les domaines du transport aérien de fret (très grosses charges, en porte-à-porte) et d’observation terrestre (radars embarqués…) où le ballon pourrait trouver prochainement toute sa place.

Agréable à parcourir, et intéressant de bout en bout, ce livre grand format (A4) soutient avec convictions une idée intéressante, sortant des sentiers battus, et qui pour le moins questionne sur notre système actuel de transport aérien. Les néophytes y découvriront aussi un monde de passion où 9h30 de vol au balcon d’un Zeppelin, le 23 juin 2005, entre le salon du Bourget et Friedrichshafen, ne lassent pas. « Le dirigeable fut certainement inventé pour découvrir notre si belle planète et ses paysages de rêve, en prenant le temps sur le temps », conclut l’auteur ; comme nous le croyons !

Richard Feeser


120 pages, 210 x 297 mm, couverture souple

Ouvrages édités par
Sur le sujet
,
En bref

La Plume du Temps

ISBN 2-913788-59-9

28 €