L’Algérie (ce pays riche) est le récit autobiographique d’un ancien pilote de l’ALAT (Aviation légère de l’armée de Terre). Le 6 novembre 1956, appelé du contingent, pilote d’aéroclub et parachutiste, Pierre Bernier est incorporé dans l’Armée de terre et se porte volontaire comme pilote. Après des classes au Maroc dans l’artillerie, il rejoint Essey-lès-Nancy et l’ALAT naissante. Il est entraîné à Finten, près de Mayence, sur Piper L18, Stampe SV4, NC 856, jusqu’au brevet de pilote militaire, tant espéré.
Sa première affectation, sur Piper-Cub L-21, est à Orléansville, en pleine guerre d’Algérie. Les heures de vol à rythme soutenu s’accumulent (jusqu’à dix par jour) en compagnie d’un fidèle observateur, assis en place arrière du Piper et avec lequel on fait corps. La chasse au fellagha se fait en vol rasant, sous la protection de T-6 armés pour traiter l’objectif balisé par fumigène : des heures à tourner en rond, dans les pièges du relief, les tempêtes de sable, les tirs ennemis, jusqu’au retour, épuisé, mais sauf. D’autres missions aériennes sécurisent les convois ou apportent du courrier aux postes isolés. Il faut alors le larguer, sinon atterrir sur un terrain de fortune ou une courte pente montagneuse interdisant toute remise de gaz. Ces missions périlleuses sont celles d’unités navigantes, Terre et Air, qui vivent leur solidarité interarmées dans les plus pures traditions de nos escadrilles.
Par de nombreuses anecdotes, l’auteur nous emmène dans des paysages grandioses aux féeries de couleurs, dans les contradictions et les souffrances d’une guerre qui offre néanmoins de belles rencontres, avec des sourires qu’il n’a pas oubliés. Il retrouve la vie civile en 1958, après 325 heures de vol de guerre, et 28 mois et demi de service militaire.
Longtemps après, il revient par deux fois en Algérie. En 1979, il est à Bône (Annaba), en famille, dans le cadre de l’assistance technique, comme ingénieur dans la sidérurgie. En 1995, seul, il travaille à Skikda pour une filiale de Gaz de France. Ces deux nouveaux séjours en l’Algérie lui permettent d’appréhender les difficultés d’une jeune nation à la problématique si complexe, malgré de nombreuses ressources inexploitées.
Ce témoignage de guerre intéressant s’ouvre sur une réalité algérienne plutôt prometteuse.
Richard Feeser
348 pages, 15 x 21 cm, couverture souple
25 photos noir et blanc