L’étonnante surface vitrée de l’Amiot 143 ainsi que son allure générale expliquent pourquoi cet appareil fut surnommé « l’autobus Amiot ». Il est vrai qu’il ferait penser à un autocar de tourisme auquel on aurait greffé une aile. Avec son allure massive, son aile haute très épaisse et son train d’atterrissage fixe à roues carénées, il est caractéristique des appareils de l’Entre-deux-guerres. Pourtant, son allure désuète cachait des solutions modernes pour son époque, comme son aile cantilever et son revêtement entièrement métallique. L’impréparation notoire de la France à l’aube de la Seconde Guerre mondiale fit que cet avion résolument dépassé fut lancé dans la fournaise en 1939-1940. Étonnamment, il connut une carrière opérationnelle non négligeable et même fut utilisé longtemps après que certains de ses « collègues » plus modernes aient été ferraillés.
Après les incontournables chapitres consacrés à la genèse et au développement, de l’Amiot 140 à l’Amiot 143, évoquant un cheminement complexe, un autre consacré aux dérivés, essentiellement l’Amiot 144 à train escamotable et l’hydravion à flotteurs Amiot 150, puis l’étude des marchés, on en vient à la description technique, assez courte (66 pages) mais richement documentée. Arrivés au milieu de l’ouvrage, on passe à la carrière de l’avion, dans un imposant chapitre intitulé « L’Amiot 143 en service ». Imposant est mot, car la partie dédiée à la carrière opérationnelle de l’appareil représente à elle seul la moitié du livre. Si les amateurs de technique pure peuvent se sentir frustrés de voir leur sujet de prédilection faire peu de poids au regard des presque 200 pages consacrés à l’histoire de la carrière de l’avion, les amateurs d’histoire militaire aérienne se régaleront. La grande richesse de ce chapitre montre bien que, au bout du compte, pour désuet qu’il était, « l’autobus Amiot » n’eut pas une carrière négligeable, loin s’en faut. En témoignent les douze sous-chapitres, de la reconnaissance et du bombardement au transport, en passant par les utilisations « exotiques ». Les annexes sont relativement courtes (13 pages), mais de nombreux tableaux sont présents dans le corps même du texte.
Dans sa forme, ce volume est en harmonie avec les autres livres de la collection « Profils Avions » : même type de mise en page, même soin apporté au traitement de la riche iconographie, même qualité d’impression et de reliure. En revanche, ainsi qu’il est signalé plus haut, il est bâti dans un équilibre différent, la primauté ayant clairement été donnée à la carrière opérationnelle.
Philippe Ballarini
382 pages, format 21 x 29,7 cm, relié
600 illustrations
Profils de Thierry Dekker
– Collection Profils Avions N°18
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