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L’armée de l’air face à ses épreuves

Général Michel Forget

 Coup de cœur 2020 

Le général de corps aérien (2e section) Michel Forget nous a habitués, depuis près de vingt ans, à deux types d’ouvrages : des récits de souvenirs de pilote de chasse et des réflexions sur l’histoire de la défense de notre pays. Celui qu’il vient de publier cette année est du second genre : il y retrace à grands traits l’Histoire de l’armée de l’Air, de 1934 à nos jours. Plus encore, il replace les grandes mutations de la jeune armée dans le contexte politique et économique qui a présidé à ses grands choix de structures, de matériels, d’interventions extérieures. Il est d’ailleurs particulièrement bien placé pour scruter la fin du septennat de Valéry Giscard d’Estaing et le début du premier mandat de François Mitterrand, car il commandait alors la Force aérienne tactique/1re Région aérienne de 1979 à 1983*, un des fers de lance de la politique extérieure de la France à cette époque. Il ne manque pas ainsi de lier les progrès ou les retards de l’armée de l’Air aux grandes orientations politiques du moment, que ce soit la transfiguration de l’armée de l’Air dû à l’avènement du nucléaire « air », ou encore la méfiance du pouvoir mitterrandien envers le monde militaire, bien qu’il soit amené à des interventions majeures en Afrique dans lesquelles les aviateurs seront omniprésents.

Le général Forget note toutefois une constante chez les chefs de l’État qui ont succédé à Charles de Gaulle, quelle que soit leur appartenance politique : jamais le principe de dissuasion nucléaire n’a été remis en question, tous les présidents endossant avec gravité leurs responsabilités dans ce domaine. La langue de bois n’est pas de mise chez l’auteur, dont le style est direct, parfois quasi familier, et sans ambages sur certains sujets : la forte opposition des autres armées à la naissance d’une troisième dans les années trente, les lourdes restructurations des années 2000 seulement appliquées par l’armée de l’Air à travers son cortège de quatorze bases aériennes fermées en neuf ans, ou encore la mise en place chaotique des bases de défense, peu après … rien n’est passé sous silence ou sacrifié au « politiquement correct ».

Malgré quelques rares imprécisions de termes ou de faits*, l’ouvrage est très documenté et fournit une profusion d’informations, parfois sous forme de tableaux synthétiques ou de cartes. Les rares illustrations n’apportent pas grand’ chose aux propos et ne seront utiles qu’aux lecteurs non avertis des matériels de l’armée de l’Air, passés ou présents. Sur un autre plan, enfin, cet ouvrage est aussi l’occasion de mesurer à quel point le général Forget a, toute sa vie professionnelle durant — et encore aujourd’hui — la passion du service de son pays, par son engagement sur le terrain ou l’acuité de ses écrits, mais aussi son attachement à l’arme aérienne et les hommes et femmes qui la servent. Ce qui n’aurait pu être qu’un brillant plaidoyer pro domo par un des grands acteurs de l’armée de l’Air se révèle être au final un excellent historique de l’armée de l’Air, à la fois chronologique et dûment commenté, précis et aisé à consulter, à placer toujours accessible dans sa bibliothèque.

Bernard Palmieri


*Ne pas confondre le GCA Michel (Claude) Forget, promotion EA 46, auteur de l’ouvrage, avec le GCA Michel (Alain) Forget, promotion EA 51, qui assumera le même commandement de la FATac/1ère RA, de 1983 à 1986 quant à lui.
* « poste de conduite de tir » du Plateau d’Albion au lieu de « poste de commande de tir ».
* « C-135 » au lieu de « KC-135 ».
* Le CEAM n’a pas été créé après-guerre mais en 1933. La Défense Aérienne du Territoire existait également avant-guerre.


256 pages, 15,5 x 24 cm, couverture souple


Préface du général d’armée aérienne Philippe Lavigne, CEMAA


En bref

Economica

ISBN 978-2-7178-7129-6
Coup de cœur 2020
29 €