Pour le jeune soldat Kessler, dont les illusions tombent au fil des pages de cette collection, comme pour ses compagnons, Koursk fut un enfer. La peur a changé de camp et désormais, il ne s’agit plus de combattre pour gagner mais, comme le dit l’Oberfeldwebel* Hartmann, toujours aussi lucide, de « retarder l’inévitable ». Le front craque de toutes parts sous les coups de boutoir des Soviétiques galvanisés par leur victoire à Stalingrad, désastre militaire complet pour le IIIe Reich. Les Russes avaient pratiqué la politique de la terre brûlée en 1941, lors de l’opération Barbarossa. Cette fois, c’est au tour de la Wehrmacht d’incendier et de détruire dans son passage tout ce qui pourrait servir à abriter on nourrir l’armée russe à ses trousses. Si Kessler avait conservé quelques illusions quant à la supériorité morale du soldat allemand, celles-ci s’envoleront dans les plaines ukrainiennes.
Le climat général a changé, la discipline se relâche, on se permet de critiquer les décisions « d’en haut », y compris le Hauptmann* lui-même. De désillusions en vains sursauts d’espoir, ce qui reste de la compagnie ne se bat plus pour conquérir, mais pour essayer de survivre… le plus longtemps possible.
Comme les deux volumes précédents, il n’y a que des éloges à faire de cet album. Olivier Speltens réussit une performance : il parvient à l’excellence dans les trois domaines à la fois, scénario, dessin et mise en couleur. C’est historiquement très réaliste et surtout très documenté : rien ne cloche, le scénario tient la route, le dessin est juste. Le petit « plus » : Olivier Speltens ne nous laisse pas dans un insupportable suspens à la fin de l’album ; même si l’histoire ne se terminera que dans le tome suivant, l’épisode a bien sa propre conclusion, et c’est fort appréciable. Effectivement, les avions ne sont pas légion dans cette histoire, mais le niveau de qualité est tel que nous nous sommes saisis de ce prétexte pour vous présenter cette bande dessinée décidément remarquable dans l’Aérobibliothèque.
Philippe Ballarini
48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée
0,595 kg
* Oberfeldwebel = caporal-chef
* Hauptmann = capitaine
– Les albums de la série L’armée de l’ombre
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet
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