Combien de fois n’a-t-on pas entendu dire que dans ce pays les gendarmes, par nécessité, « font partie du paysage »… Eh bien c’est aussi, souvent, le cas de leurs hélicoptères, et il y a fort longtemps que l’on attendait un ouvrage comme celui-là…
Comme de coutume chez les gendarmes, qui sont militaires et donc tenus à une certaine discrétion, quand il s’agit de parler de l’histoire de leur Arme ce sont les anciens qui s’y collent. Roger Drouin, lieutenant-colonel et pilote d’hélicoptères en retraite, a choisi de tremper sa plume dans l’encre des six décennies qu’a traversées sa formation depuis la mise en service du premier hélicoptère de la Gendarmerie.
Ladite plume ne dédaigne pas le détail… Ce livre, qui aborde ce que l’auteur appelle « la préhistoire », est le premier de quatre tomes qui vont se succéder dans le déroulé chronologique du sujet. Il traite des grands débuts des forces aériennes de la Gendarmerie, et s’ouvre sur une « mise en situation » plus générale, à propos de l’histoire des voilures tournantes. On pourra regretter les quelques erreurs et approximations qui affectent certaines pages de ce chapitre — vouloir raconter tant de choses en si peu de volume… —, mais l’idée n’est pas mauvaise. Outre qu’elles apportent quelques données de vulgarisation technique toujours utiles, ces pages permettent de replacer les choses dans leur contexte. Elles conduisent le lecteur dans l’appréhension d’un temps où l’hélicoptère n’avait rien d’évident pour les décideurs.
Il aura en effet fallu beaucoup d’opiniâtreté aux quelques promoteurs de ce projet pour faire aboutir leur quête. Cela dit, avant même que leur machine ne devienne une réalité, les gendarmes volants, eux, existaient bel et bien… On découvrira à travers les lignes de Roger Drouin comment les premiers d’entre eux se distinguèrent dès l’Indochine au GFHATI, puis dans les opérations d’AFN avec le GH-2. Ces personnels aguerris n’en sont que plus évidemment devenus, ensuite, les acteurs de la construction d’un outil performant, avec l’arrivée du premier Bell –logé à Satory, parmi les chars du Groupement Blindé de Gendarmerie Mobile ! — puis, progressivement, celle des autres hélicos et la création de sections aériennes. Bien des aventures, parfois cocasses, ont marqué cette période où tout était à inventer. Encore anecdotique dans l’ordre de bataille de la Gendarmerie, l’hélicoptère était tout naturellement source d’anecdotes ; en nous les livrant avec humour, l’ouvrage ne néglige pas de les replacer dans une époque où il a fallu batailler ferme pour imposer le nouveau moyen.
Organiser la mise en place et l’emploi des premiers appareils, leur permettre de démontrer leur utilité sur le terrain, créer l’outil irremplaçable que sont très vite devenues les formations aériennes… La tâche était énorme. Roger Drouin nous raconte ces années héroïques d’une plume vivace, où perce l’affection qu’il porte à son arme et à ses collègues. La lecture n’en est que plus agréable. Et du coup, nous attendrons le deuxième tome avec une certaine impatience…
Philippe Boulay
L’auteur :
Roger Drouin est de ces lieutenants de Gendarmerie formés au pilotage des hélicoptères par l’ALAT. Breveté en août 1975, il se voit confier le détachement Hélicos de Dijon par la Gendarmerie. Repéré pour son aptitude au pilotage en montagne, il suit une formation spécifique à Briançon puis, dès juin 76, est affecté à Toulouse. Il y développe une étroite collaboration avec le Samu 31, tandis que les Pyrénées ariégeoises deviennent son « terrain de jeu » de prédilection. Il y gagne ses galons de Capitaine. En août 1980, il est envoyé à Nouméa où il découvre les spécificités de l’Outre-Mer et l’Hélitreuillage en mer. De retour en métropole, promu Chef d’escadrons, on lui confie la section d’Arcachon qui, avec ses cinq détachements, couvre les dix départements du grand Sud-Ouest. Reconverti « avant terme » à la vie civile, il effectue une seconde carrière, civile cette fois, sans pour autant perdre de vue ses chers Hélicos Bleus auquel il reste viscéralement attaché au travers de l’AAAFAG, l’Amicale des Anciens dont il est membre du bureau exécutif depuis 1998.
232 pages, 14 x 22,5 cm, broché
0,345 kg
– Tome 1 : La préhistoire
– Tome 2 : Le temps des Alouettes
– Tome 3 : L’Outre-mer