En apprenant la sortie du troisième tome de l’ouvrage de Roger Drouin, nous pouvions nous attendre à rédiger une recension finalement assez convenue. Si comme probable l’ouvrage était dans la veine des deux excellents premiers tomes… Hé bé non. Ce livre-là pourrait presque figurer à part des deux autres sur nos rayonnages, tant il en diffère.
Il faut dire que le sujet est particulier : l’Outre-mer, quand y arrivent les premiers hélicoptères de la Gendarmerie, c’est ce qu’il reste de l’Empire français, et d’une colonisation dont on sait les terribles paradoxes… L’auteur nous le rappelle à juste titre, en retraçant d’entrée l’histoire de chacune de ces contrées lointaines.
C’est la noblesse de la Gendarmerie, que de s’être insérée dans un tissu local complexe, jusqu’à ce que le gendarme « fasse partie du paysage ». L’Outre-mer est spécialement représentative de cet esprit. C’est là que les hommes des formations d’hélicoptères de la Gendarmerie ont dû, le plus, faire preuve d’initiative, voire d’esprit de débrouille, pour s’y installer. La mission, le terrain, les gens… Avec très peu de moyens, loin du pays, dans des conditions et sur des terrains où le gendarme est souvent l’unique recours de la population.
Au fil des pages l’on voit comment, arrivés avec leur famille dans leurs bagages, les hommes des FAG ont conquis les cieux ultramarins avec toujours la même passion du métier et du vol. Comment, aussi, ils ont su gagner le respect des institutionnels locaux, qui le plus souvent n’étaient pas vraiment conscients de l’outil qui leur était ainsi offert. Du coup la narration en est enrichie ; les anecdotes, évidemment nombreuses, n’en ont que plus de sel. Et le livre gagne en épaisseur.
Alors ? Finalement, puisqu’elle se termine avec ce troisième tome… Impertinente, cette histoire ? L’impertinence des uns peut parfois se révéler d’une grande pertinence pour tous les autres. Roger Drouin applique l’adage avec finesse et bonhommie ; son livre montre bien ce qu’a été cette période pionnière pas si lointaine, où les « hommes de l’hélicoptère » apprenaient les uns des autres pour inventer leur métier, et façonner l’outil pour son usage le plus précis. Une période riche, dont la prééminence actuelle des acteurs français de l’hélicoptère tire une bonne part de sa substance.
Philippe Boulay
L’auteur :
Roger Drouin est de ces lieutenants de Gendarmerie formés au pilotage des hélicoptères par l’ALAT. Après différentes affectations, en août 1980, il est envoyé à Nouméa où il découvre les spécificités de l’Outre-Mer et l’hélitreuillage en mer. De retour en métropole, promu chef d’escadron, on lui confie la section aérienne d’Arcachon.
Reconverti avant terme à la vie civile, il reste viscéralement attaché à ses chers hélicos bleus au travers des Ailes de la Gendarmerie, l’Amicale des Anciens et des Actifs des FAG.
440 pages, 14 x 22,5 cm, broché
0,515 kg
– Tome 1 : La préhistoire
– Tome 2 : Le temps des Alouettes
– Tome 3 : L’Outre-mer