On cite trop souvent les musées d’aviation anglo-saxons, leurs cohortes de bénévoles et leurs remarquables sponsors, soutenus par une fiscalité avantageuse. On oublie un peu vite qu’il y a parfois près de chez nous des associations de sauvegarde du patrimoine aéronautique tout aussi admirables, qui réussissent à longueur d’année le tour de force de récupérer avions et épaves, de les restaurer, de trouver des lieux de stockage et d’exposition et d’assurer les visites du public.
Pierre Méliet nous conte aujourd’hui la saga des Ailes Anciennes Toulouse, de la création de l’association en 1979/1980 à l’ouverture d’Aéroscopia, en janvier 2015. En parallèle aux prouesses de ses membres, techniques, humaines, financières et même judiciaires à l’occasion, il garde le fil rouge d’une «Errance vers la Terre Promise», avec moult déménagements avant d’emménager dans ce lieu tant espéré. Cette aventure est émaillée de nombreuses anecdotes, souvent savoureuses, et de photos dont l’effet « avant-après » (épave dans un bosquet épineux un jour, magnifique appareil restauré quelques années plus tard) montre bien le travail de titan que cela demande.
Il manquerait juste pour notre plaisir un tableau final qui reprenne la centaine d’aéronefs dont on nous parle par ailleurs, quoique la table des matières en début d’ouvrage puisse presque remplir cet office. Ah, et oui, peut-être, le choix définitif d’un temps de narration par l’auteur, qui alterne présent/passé simple/imparfait/futur antérieur sans que la logique de ces choix nous saute aux yeux (et aux oreilles). Mais avec un peu de souplesse le lecteur peut se faire à cette valse à quatre temps, et se concentrer sur la richesse du contenu.
Il reste à souhaiter longue vie aux Ailes Anciennes Toulouse, et qu’un public toujours plus nombreux vienne admirer leur œuvre « aérotitanesque » à laquelle ce livre rend très justement hommage…
Jean-Noël Violette
116 pages, 17 x 24 cm, broché