Ouvrage épuisé
La Première Guerre mondiale véhicule encore une image de centre d’intérêt pour « spécialistes ». Sujet éloigné chronologiquement, et teinté de désuétude pour certains, jugé trop complexe et ardu pour d’autres, il est depuis quelque temps l’objet d’un salutaire regain d’intérêt. Reconnaissons que l’histoire de l’aviation pendant la Grande Guerre s’avère d’une grande richesse et qu’elle ressemble au premier abord à un foisonnement assez confus. Il faut bien commencer par un bout de l’écheveau, et c’est apparemment l’objectif de cet ouvrage collectif élaboré en collaboration avec le Musée de l’Air et de l’Espace.
Composé de courts chapitres thématiques regroupés en trois volets, L’aventure des premiers avions de combat est doté d’un titre qui recouvre mal son contenu, de même que le texte de sa quatrième de couverture est inexact : ce livre ne se limite pas plus aux appareils qu’il n’est un simple hommage aux « Chevaliers du ciel », puisqu’on y trouve abordés aussi bien les cerfs-volants Saconney que les ballons d’Albert Caquot ou les éclairages de Léon Cibié… ce dont nous ne nous plaindrons pas.
Deux parties majeures, l’une consacrée aux avions, l’autre aux hommes, enserrant un aimable petit fourre-tout baptisé « l’aviation en guerre ». En ce qui concerne les « mini-monographies », on a fait appel, pour la trentaine d’appareils présentés, à une formule éprouvée : un article sur deux pages, trois ou quatre photos choisies, le tout accompagné d’un élégant écorché légendé (sur deux pages) dû au pinceau d’Hubert Cance. C’est simple et efficace, et en tout cas bien suffisant pour un néophyte. Le chapitre « les grands noms » ne se limite pas aux « As », mais fait la part belle aux inventeurs. Ces deux chapitres débordent parfois de leur chapitre chronologique. C’est parfois logique, parfois moins : on comprend assez mal la présence du Consolidated P2Y-1 ou du Dewoitine D-501, même classés dans la rubrique « les héritiers ».
Entre ces deux parties principales sont regroupés des articles variés, difficilement « classables », mais non dénués d’intérêt, où l’on trouvera aussi bien la première victoire de Frantz et Quenault et l’exploit périlleux et tonitruant de Charles Godefroy que les débuts de l’aviation sanitaire ou les hydravions FBA.
En dépit de certains déséquilibres, (le Boeing P-26 est un oiseau sympathique, mais on lui aurait préféré un Voisin L ou un « Bébé » Nieuport), si le but de cet ouvrage est de donner envie à un large public d’en savoir davantage sur les débuts de l’aviation de combat, née pendant la Grande Guerre, l’objectif est atteint. L’ouvrage, de belle facture, est relié de façon qui évoque la robustesse. Certaines photos auraient mérité d’être un peu éclaircies, mais il serait dommage de bouder un livre somme toute intéressant, en particulier au regard de son prix raisonnable.
Philippe Ballarini
288 pages, 22,5 x 29 cm, relié + jaquette
Préface de Philippe Gras, Musée de l’Air et de l’Espace
– En collaboration avec le Musée de l’Air et de l’Espace