Dans son livre L’aviateur, Francis Ducrest raconte avec passion sa carrière de pilote, des premiers décollages sur avion à hélice à Salon-de-Provence, jusqu’à l’atterrissage final en Airbus, longtemps après.
C’est d’abord l’armée de l’Air et la vie difficile et risquée des pilotes de chasse qui l’emporte et l’enchante : plus vite, plus haut, plus fort. Il l’aime et s’éclate. Il décrit et fait si bien partager les sensations ressenties dans l’intimité des cockpits face à l’immensité stratosphérique. Il y a de folles poursuites, des montées vertigineuses, des piqués supersoniques, des écrasants facteurs de charge… Parfois c’est la vie de château : pourvu que ça dure ! Parfois ce sont des sanglots, en cas de coup dur.
Puis la Ligne le capte à son tour. Il y met toute sa fougue et son professionnalisme pour amener à bon port et par tout temps, autour du monde, des passagers souvent exigeants.
Sa vocation aéronautique naît un matin à Hué, au Vietnam, où son père est gouverneur de province. Une escadrille d’hydravions bimoteurs de la Marine, jusque là amarrée sur la Rivière des Parfums, décolle, tournoie, amerrit, sous ses yeux éblouis. Croisant plus tard les heureux aviateurs aux uniformes blancs, il sait sa voie tracée, même si son polytechnicien de père aurait aimé qu’il suive plutôt la sienne.
Du collège jésuite de Sarlat aux règles strictes, souvent tenaillé par la faim en période de guerre, de la propriété familiale près de Bergerac d’où il admire le ballet des chasseurs bombardant en piqué à mettre le feu à l’horizon, du lycée Stanislas où il dévore d’un trait Le grand cirque de Pierre Clostermann, il se prépare à son futur métier d’aviateur et entre à l’École de l’Air en 1950, à l’âge de vingt ans.
Baptême de l’air en Junkers le cœur battant, bizutage sévère des anciens, lit au carré et pas de gymnastique, marquent ses premiers moments d’aviateur militaire très vite convié à aborder la théorie et la pratique du vol sur Sipa 12, heureuse initiation promettant le premier vol en solo, à bord d’un 600 chevaux à hélice… un grand moment !
C’est aux USA, véritable pays de cocagne au sortir de la guerre, qu’il fait son pilotage sur T6 et T33, avant d’acquérir les techniques de combat sur F84. La sélection est rude, la progression exigeante et physique. Tous n’y arrivent pas, certains craquent et abandonnent en route, par peur ou manque de motivation. Lui tient bon, aime à la folie le métier de pilote de chasse qu’il domine et dont il arbore fièrement les macarons de brevets américains et français sur la poitrine.
La 6e escadre d’Oran sur Mistral est sa première unité opérationnelle. Il y connaît ses premiers engagements lors de la guerre d’Algérie, et échappe par deux fois miraculeusement à la mort.
Chef de patrouille, commandant d’escadrille, puis second d’escadron à Bremgarten sur F84-F, comblé jusqu’alors par son métier de chasseur, il décide néanmoins de changer de voie et se tourne vers l’aviation commerciale. Après avoir suivi la dure école des pilotes de ligne, Boeing 707, Caravelle, Airbus, seront désormais ses appareils, comme copilote d’abord puis commandant de bord enfin.
L’auteur nous livre sa belle histoire aérienne pleine de vie, d’une écriture sincère et fluide aux accents parfois poétiques. Un livre dédié à son père qui doit assurément être fier de son fiston.
Richard Feeser
124 pages, format 13,6 x 21,5 cm, couverture souple
– Prix Guynemer 2007
– Prix du livre aéronautique Vieilles Tiges – Vieilles Racines 2007
Le 3 octobre 2007 , l’auteur, Francis Ducrest, reçoit le Prix Guynemer en compagnie de Madame Ducrest, radieuse.
Photo © Richard Feeser