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L’aviateur perdu

L’histoire vraie d’une évasion
sous l’Occupation nazie en France
Seth Meyerowitz et Peter F. Stevens

En 2012 est apparu sur la toile un site dédié au sergent Arthur Meyerowitz. Il était le reflet des recherches entreprises par son petit-fils Seth qui ne l’a pas connu. À l’aide des documents qu’Arthur Meyerowitz avait gardés de sa carrière aéronautique et des lettres échangées après guerre avec les Français qui l’aidèrent à s’échapper, l’auteur recomposa patiemment le puzzle de ce grand-père volontaire et déterminé qui força à plusieurs reprises le destin.

Seth Meyerowitz fut aidé en cela par un Français, lui-même fils d’un des principaux protagonistes de cette (modeste) épopée. Le paradoxe est que ce récit a bien failli s’évaporer à tout jamais, car Arthur Meyerowitz, mort assez jeune, en parla assez peu à son petit-fils, essentiellement en raison de la différence d’âge et du caractère pénible de cet épisode.

Passons sur les quelques approximations de la traduction* et retenons que cette trajectoire — loin d’être celle dont pouvait rêver le jeune Arthur ― lui a fait rencontrer des hommes et des femmes peu ordinaires; que ce soit ceux de la Résistance dont il vient perturber les activités (mais sans freiner en rien leurs stupéfiants coups de mains), mais aussi les autres aviateurs (son équipage ou celui de la RAF rencontré lors du passage des Pyrénées avec qui il se lie d’amitié). Proportionnellement, le parcours espagnol est un peu pauvre mais sa brièveté explique que les contacts de l’aviateur en fuite ne furent que superficiels, ce qui rend la reconstitution moins fouillée.

De façon très classique, l’épilogue évoque le sort des principales figures de ce livre très vivant en dépit des nombreuses victimes de cette aventure. Nous y notons d’ailleurs une inexactitude concernant le pilote britannique décédé en 1953 aux commandes d’un Vampire (et non d’un « avion expérimental particulièrement instable ») erreur que nous excuserons. D’autant que le récit maîtrise avec bonheur une chronologie par à-coups grâce à une plume qui sait équilibrer les moments forts avec ceux des planques requérant immobilité et discrétion, soulignant combien cela est pénible à un homme blessé par son saut en parachute. Tout juste regrettons-nous que le passage de la haute-montagne ne souligne pas assez combien à l’époque un tel acte était bien différent de ce que nous pouvons connaître aujourd’hui (vêtements plus légers et efficaces, nourriture abondante et adaptée, réseau routier développé… sans compter l’interdiction de faire du feu pour ne pas se faire repérer par les patrouilles).

Alors qu’un projet audiovisuel est envisagé, il serait dommage que vous vous priviez de ce livre qui démontre combien le désintéressement tissa des liens si forts qu’ils ont perduré par delà les générations et les aléas de la politique internationale. Ne manquant pas d’épisodes haletants et de rebondissements, cette mission qui dura plus d’un semestre intéressera également les amateurs d’histoire plus classique par le long séjour au sein d’un des plus fameux réseaux de Résistance.

François Ribailly


NDLA : *approximations de la traduction : on s’en amuse tant que cela ne confine pas au ridicule lorsqu’est traduit le nom d’une décoration américaine (Ira-t-on un jour jusqu’à parler de Nouvelle York ou de Saint François pour évoquer de grandes métropoles américaines ?)


280 pages, 15,3 x 24 cm, broché
0,432 kg

Traduit de l’américain par Anne Svendsen
Titre original : The lost aviator (Peter F. Stevens Publishing 2016)

Ouvrages édités par
En bref

JPO Éditions

ISBN 978-2-37301-042-8

24,35 €