Voici un titre très prometteur privilégiant le témoignage iconographique caractéristique du début du XXe siècle : la carte postale ancienne. Une couverture nous montrant Émile Obre entouré de ses mécaniciens posant devant le monoplan de Noue lors du meeting de Rennes 1910 devant le hangar qu’il partageait avec Garros est suffisamment alléchante pour laisser deviner un ouvrage révélateur et original.
En effet, la mise en page soignée, sur papier de fort grammage, est axée sur la mise en valeur de cartes postales d’époques, souvent animées, parfois peu connues, mais toujours en nombre important, allant jusqu’à la double page. De même, l’approche thématique très originale, reproduite ci-dessous, permet d’appréhender sous un œil nouveau une histoire séquentielle maintes fois rebattue.
Hélas, trois fois hélas ! Tout d’abord, on notera une forte désynchronisation entre la bande image, les cartes postales, et la bande son, le texte, certaines pages traitent d’un sujet dont l’écho est absent au niveau de l’iconographie, ou encore certaines photos sont empruntées à une époque ultérieure, comme cette reproduction de l’approche du Caudron C22 s’apprêtant à se poser devant le Grand Palais fin 1922 pour illustrer les premiers salons de l’aéronautique.
À force de balayer par strate thématique en oubliant parfois la séquence historique, il s’ensuit une certaine confusion dans certains chapitres, ce qui n’est pas du tout pédagogique pour le profane. À vouloir réduire le temps en des concepts essentiels, on est obligé de prendre des raccourcis qui n’apportent qu’une certaine confusion. Mais plus grave à mon sens sont les erreurs historiques, dont voici quelques-unes : Védrines n’a jamais travaillé comme metteur au point chez le motoriste « Lorraine », mais après avoir été metteur au point chez Gnome en 1909, il se mit en 1910 au service de l’aviateur-acteur Robert Loraine comme mécanicien. Le même Védrines ne participa pas aux premiers meetings de Reims car il n’eut sont brevet qu’en décembre 1910. L’Antoinette blindée ne vola quant à elle jamais au concours militaire de Reims, son système de gauchissement n’étant pas au point, mais en fait sa motorisation étant surtout trop peu puissante pour enlever le monstre.
Au final, il reste certes un beau livre qui fera la joie des amateurs de témoignages anciens, mais on peut regretter qu’au moins une relecture tierce n’ait permis d’éliminer les quelques erreurs grossières qui nuisent à la crédibilité d’un texte pourtant passionné et original.
Thierry Matra
160 pages, 32,5 x 25 cm, relié sous jaquette
400 reproductions de cartes postales
Table des matières ::
– Avant les avions :
L’aérostation
Du ballon libre au dirigeable
Les planeurs
Les premières machines volantes
– Les structures :
Les premiers aérodromes et aéroclubs
Les constructeurs
Mécaniques et mécaniciens
Les écoles d’aviation
– Hommes et femmes de l’air
Les pionniers
Femmes de l’air
– Premiers records et inventions
La distance
La hauteur
La vitesse
Les débuts de l’hydraviation
Le parachute
– Les événements de l’aviation
Les baptêmes de l’air
Les meetings et les fêtes de l’aviation
Les premières compétitions : les prix et les circuits
– Le développement de l’aviation militaire
Les appareils militaires
Les bases aériennes militaires
La première guerre aéronautique
Portraits de héros
– Les débuts du transport aérien civil
Les premières compagnies de transport et leurs avions
Les premiers aéroports de commerce