L’aviation de bombardement est née avant l’aviation de chasse avec le largage de billes d’acier ou de fléchettes sur les troupes ennemies. À la fin de la Première Guerre mondiale, ces attaques presque enfantines à nos yeux avaient laissé place à une véritable arme redoutable qui commençait à modifier de façon significative la stratégie moderne. Après la guerre, les armées de toutes nations ont développé, et essayé parfois en combat, des bombes toujours plus volumineuses et efficaces avec des techniques de visée et de largage toujours plus précises associées à des tactiques de bombardement toujours plus audacieuses. Motivées très largement par les thèses de l’italien Douhet sur la puissance du bombardement stratégique, ces avancées ont permis de constituer dans différents pays, au cours des années 30, des flottes de bombardement qui feront la preuve de leur efficacité durant le second conflit mondial.
Dans l’Aviation de Bombardement, paru en 1936, Camille Rougeron, un ingénieur du Génie Maritime qui devient peu à peu une sommité sur l’aviation militaire, dresse un tableau extrêmement complet sur l’aviation de bombardement. Dans le premier tome, Camille Rougeron explique, quasiment au niveau du manuel d’instruction, les différentes techniques du bombardement aérien, les différentes altitudes, les calculs à prendre en compte, les différentes munitions à disposition et leurs effets. Le bombardement maritime prend un place importante dans cet ouvrage ainsi que l’attaque à la torpille. Dans le deuxième tome, Camille Rougeron se fait davantage penseur qu’ingénieur et aborde, entre autres, l’aspect de la doctrine d’emploi de l’aviation de bombardement. Ces chapitres sont teintés de l’influence des thèses de Douhet et du débat qui oppose en France les tenants du bombardement stratégique à ceux de l’appui aérien rapproché dans lequel Rougeron prend parti de façon marquée. Il dénonce ceux qui restent sur un art militaire figé et dogmatique à l’heure de l’évolution fulgurante des matériels et de la doctrine et il prédit que ce sont des « peuples d’aviateurs » qui dirigeront la stratégie moderne. Ce parti-pris n’a rien d’étonnant en 1936, trois ans seulement après la création de l’armée de l’Air et au beau milieu des luttes politico-militaires qui empoisonnent l’émergence d’une aviation stratégique française.
À la fois manuel technique et ouvrage de réflexion, l’Aviation de Bombardement est une œuvre de référence sur le bombardement aérien à l’orée de la Guerre d’Espagne et quatre ans avant la Seconde Guerre mondiale.
Timothy Larribau
Tome 1 : Les moyens du bombardier pour résister au chasseur : rayon d’action, facilité de pilotage et de navigation, vitesse et armement. Un tableau complet.
Tome 2 : Les méthodes de bombardement, l’aviation de bombardement dans la guerre sur terre, sur mer et son avenir.
– Ouvrages édités en 1936
Tome 1 :
(346 pages, format 14,8 x 21 cm)
Tome 2 :
(356 pages, format 14,8 x 21 cm)
Ces ouvrage font partie de la collection
La guerre aérienne : la pensée préservée.