Au-delà de la vaine polémique Ader-Wright, force est de reconnaître que Clément Ader fut un avocat zélé pour la création d’une arme aérienne. Par une formule à l’emporte-pièce, nous dirions que selon Ader, l’aviation « serait militaire ou ne serait pas ». En ce sens, les démarches entreprises vers les militaires dès le début de ses recherches aéronautiques sont éloquentes. Par exemple, dès avant le début des hostilités de la Grande Guerre, Ader prêchait une spécialisation des appareils militaires, afin que ceux-ci soient adaptés aux missions envisagées.
Ouvrage émanant d’un cerveau particulièrement fertile, L’aviation militaire a ceci d’étonnant qu’il développe des idées dont certaines étaient antérieures à 1900. Si dans ce volumineux traité on trouvera quelques idées qui peuvent aujourd’hui prêter à sourire, comme le largage de filasse destinée à s’emmêler dans les hélices, ou le lâcher de milliers d’aiguilles visant à mettre la cavalerie hors de combat, on ne pourra s’empêcher d’être admiratif devant le génie inventif d’un précurseur qu’on résume trop souvent au constructeur de l’Éole.
Sont traités sans exception tous les aspects de la guerre aérienne, depuis la conception des appareils à la tactique en passant par la navigation et l’armement. Écrit à une époque où pour certains membres de l’état-major, l’aviation n’était qu’une activité de sportsmen, cet ouvrage va au-delà d’un simple plaidoyer pour la création d’une armée aérienne.
On n’oublie hélas trop souvent que Clément Ader fut, outre un inventeur, expérimentateur et constructeur talentueux et imaginatif, fut un théoricien non négligeable de la stratégie aérienne dont l’œuvre, à remettre en perspective par rapport au contexte de l’époque, fut occultée par les théories de Douhet et de Mitchell. L’aviation militaire demeure son ouvrage le plus important.
Philippe Ballarini
– (392 pages, format 14,8 x 21 cm)
– Ouvrage édité en 1913
Cet ouvrage fait partie de la collection
La guerre aérienne : la pensée préservée.