L’aviatrice [Tome 2]

Revoici Nora, héroïne walthérienne dans la veine de Natacha et Rubine, chargée dans ce second volume de boucler son raid Paris-Saïgon-Shanghaï, toujours flanquée de son mécanicien communiste, alcoolique et cabochard, ainsi que de leur fidèle Caudron Simoun.

Aucune surprise à attendre sur le plan graphique : Di Sano et Walthéry ont fait un bon bout de chemin ensemble et leur trait est désormais connu. Personnages bien campés et aisément reconnaissables sont au rendez-vous, de même que des cadrages dynamiques… et un classicisme certain. Les fans de Walthéry ne seront pas dépaysés.

Nous serons plus réservés sur les questions de scénario et de découpage. Le premier tome était vif et entraînant, et souffrait juste de quelques planches un peu chargées ; le second semble avoir été empaqueté à la façon des bagages des héros, un petit matin à Saïgon. Borgers a multiplié les rebondissements et les références historiques : au Kazakhstan, enlèvement et narration de la famine organisée par les autorités soviétiques ; puis, tempête, arrivée à Saïgon, transfert vers Shanghaï, espionnage, agression, enlèvement, re-espionnage et amourette, retour en Indochine, explications sur le colonialisme, tourisme à Angkor, agression, amourette… C’est trop de choses en un seul volume, trop de changements de sujet, trop de pages noyées sous le texte. Cette profusion donne un album haché, sans continuité et au rythme inconstant, et il aurait bien mieux valu aérer sur trois tomes ou renoncer à certains sujets.

Notons en passant que si l’effort documentaire est louable — tant sur les événements de l’époque que sur la vie des régions traversées —, il a curieusement été oublié sur les aéroports. Cela donne deux énormes anachronismes : le terrain de Kai Tak présenté date des Trente glorieuses, et celui de Corfou n’existait tout simplement pas !

Dans l’ensemble, ce second tome est donc sensiblement moins bien écrit que le premier et souffre de trop de rebondissements échevelés pour séduire.

Franck Mée

48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée

Les albums de la collection L’aviatrice

Page 39 : les textes des bulles paraissent être un peu entrés « au chausse-pied ».

Avec l’aimable autorisation de © Éditions Paquet

Avec l’aimable autorisation de © Éditions Paquet