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Le 350 (Belgian) Squadron

André Bar et Jean-Louis Roba

Commençons par le dire tout net : « Chapeau ! » Rappelons-le : le rôle d’un éditeur est (entre autres) de prendre des risques financiers en publiant des ouvrages dont le succès est loin d’être assuré. Avec un sujet a priori aussi peu commercial que celui d’une unité aérienne belge de la RAF, Lela Presse n’a pas évité l’obstacle, et c’est tout à son honneur. Il faut reconnaître qu’il s’agit d’un ouvrage de poids, au propre comme au figuré : 240 pages 21 x 29,7 cm et 1,323 kg ! Selon une expression désormais répandue, « c’est du lourd ! »

Après « l’incroyable défaite » de la France, ce fut le désarroi chez les pilotes de l’AéMi (Aéronautique Militaire) qui se retrouvèrent dans une situation proche de celle leurs homologues français (du moins en ce qui concerne ceux qui désiraient continuer à se battre). Où aller ? Parmi les destinations envisageables, le Royaume-Uni devint vite une évidence, destination rejointe par des chemins qui n’exclurent pas l’internement en Espagne… voire en France occupée.

Le déroulement chronologique de l’existence du N°350 (Belgian) Squadron, en l’occurrence la vie quasiment au jour le jour de l’unité, commence en novembre 1941 (à la page 32 de l’ouvrage). Suivent 178 pages qui mènent des premiers entraînements à Valley aux derniers sweeps sur l’Allemagne à l’agonie. Un ensemble d’une grande richesse, qui ne se limite pas au quotidien et aux faits d’armes, mais qui est parsemé de témoignages et de rapports de combat. Seize chapitres d’où émergent des temps forts, avec une participation variable du N°350 (Belgian) Squadron : l’opération Jubilee (le funeste raid sur Dieppe d’août 1942), le Débarquement en Normandie, la chasse aux V-1, les Ardennes… L’histoire ici déroulée n’est pas seulement celle de l’unité, mais aussi celle de ses pilotes. Le tout est abondamment illustré : environ 400 photos dont la plupart sont inédites, sans compter les 19 profils (en grande taille) de Thierry Dekker. Bien entendu, les annexes (28 pages) sont au rendez-vous avec des documents aussi variés que le journal de Gabriel Seydel, une liste renseignée des 96 pilotes belges, la liste des appareils ayant servi au 350 Sq, avec serial, code tactique et dates…
On notera la mise en page soignée, du classique chez Lela, mais on ajoutera le fait que cette collection est imprimée sur un papier d’un grammage vraiment important : 170 g/m2 !

Une ombre vient néanmoins noircir le tableau. L’introduction commence assez bizarrement par une énumération des buts de guerre français de la Grande Guerre, présentés de façon tellement schématique qu’ils en ont un aspect quasi caricatural*. Quoiqu’il en soit, et même si une introduction est nécessaire à tout ouvrage sérieux, on peut légitimement considérer qu’au début d’un livre sur un Squadron belge de la RAF pendant la Seconde Guerre mondiale, un retour sur l’évolution des buts de guerre au cours de la Grande Guerre est de l’ordre du hors-sujet. Le lecteur chatouilleux pourra également éprouver un certain agacement face à la sempiternelle allusion à un Diktat potentiellement responsable de l’entrée en guerre du IIIe Reich (page 5)**.

Mais soyons mesuré : ces remarques concernent deux pages seulement sur les 240 de l’ouvrage, ce qui est de l’ordre de l’anecdotique inutile, le reste de l’ouvrage semblant vierge de brûlot.

Philippe Ballarini


240 pages, 21 x 29,7 cm, couverture souple
400 illustration, 19 profils


* Par exemple et entre autres, évoquer les velléités d’annexion du Luxembourg par la France (1915) a quelque chose de piquant quand on sait que la Belgique n’a abandonné ses propres vues sur le Grand-Duché du Luxembourg qu’en 1919, après l’accession au trône de la grande-duchesse Charlotte. On se demande d’ailleurs bien qui, des états voisins du petit pays, n’avait de vues sur les richesses de son Gutland minier. Qui plus est, on notera que les Luxembourgeois eux-mêmes avaient demandé par référendum en 1919 une union avec la France (entre autres tentatives de rapprochement), offre déclinée par Paris pour éviter de froisser Bruxelles.

** NDLA : Dans le même registre, un lecteur attentif verra (page 5) la Seconde Guerre mondiale débuter le 3 septembre 1939 et non le 1er. Où donc se situe le début du conflit ? Au moment de l’attaque de la Pologne par l’Allemagne nazie ou lors de la très officielle déclaration de guerre franco-britannique suite à cette invasion ?


– Collection Histoire des Unités n°06
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Téléchargez les pages 16, 29, 58, 89, 110, 139, 158, 195, 218 et 235 du livre « Le 350 (Belgian) Squadron »

Format pdf, 1,30 Mo – Avec l’aimable autorisation de © Lela Presse

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Éditions Lela Presse

ISBN 978-2-914017-95-4

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