Manfred von Richthofen avait rédigé quelques chapitres de ses mémoires courant 1917. La personnalité du pilote et sa gloire obtenue au-dessus des champs de bataille font que ce journal est publié en temps de guerre et connaît ensuite un succès retentissant. Une version française existe, publiée dans les années 20 et il est heureux de voir enfin une réédition de cet ouvrage dans notre langue.
L’histoire du « Baron Rouge » est désormais bien connue et, en découvrant ses mémoires, il est facile de comprendre que ce document a été une source indispensable pour tous ses biographes. Le texte est malgré tout assez laconique, manquant de détails, mais il faut bien se dire qu’en temps de guerre, la censure ne laissait pas passer grand-chose.
Cependant, il est facile de cerner un peu plus la personnalité du héros et ses goûts personnels, en particulier celui de la chasse ― tout comme son alter ego français, René Fonck, et il est facile de faire l’analogie entre ce livre et Mes combats, à la fois documents passionnants et pourtant très frustrants car ne répondant plus aux canons de l’autobiographie contemporaine.
Le texte de Manfred von Richthofen est complété par de très nombreux courriers qu’il adressa à sa mère, dans lesquels il s’ouvre un peu plus et dévoile quelques faits d’armes, son enthousiasme mais aussi ses craintes. Le documentaire s’achève sur une sélection de coupures de presse allemandes ou britanniques relayant la nouvelle de sa mort et ses obsèques.
Ce récit, en dépit de ses faiblesses et de l’inévitable censure de l’époque est donc un document historique vraiment intéressant. On fera donc l’impasse sur les dix dernières pages du livre, un texte récent mais anonyme, mal rédigé et consacré aux « vraies » circonstances* de la mort de Manfred von Richthofen que l’éditeur a cru bon devoir ajouter. C’était inutile.
Frédéric Marsaly
* Il est évident que les circonstances de la mort du [Baron rouge] le 18 avril 1918 peuvent susciter le débat, et des livres ont été entièrement consacrés à ce sujet. On peut recommander en particulier Red Baron’s last flight de Norman Franks et Alan Bennett, Grub Street 1995, réédition 2002 et 2007, une enquête historico-médico-légale qui est, à ce jour, le dossier le plus complet sur cette affaire.
240 pages, 14 x 21,5 cm, broché