Il nous arrive des Landes ce petit livre particulièrement sympathique consacré aux aviatrices passées par le terrain de Mont-de-Marsan. On aurait pu craindre une suite de notices monographiques sans rapport entre elles, mais on découvre avec surprise un véritable fil conducteur les reliant.
Tout commence avec Adrienne Bolland, qui vient en compagnie d’Ernest Vinchon – son futur époux, profiter des beaux jours d’automne en s’installant sur un champ de course servant aussi d’aérodrome. Trouvant sur place un groupe de passionnés, elle les encourage et leur apporte son aide dans leur projet de créer un aéro-club, ce qui est fait au début de l’année suivante. Trois ans plus tard, ses dirigeants qui se proposent de subventionner la première jeune femme qui sera formée par le nouvel instructeur, découvre par hasard à Orly une certaine Hélène Boucher. Juste retour des choses, elle passera son brevet en juin 1931, en présence… d’Adrienne Bolland, venue lors du meeting organisé par le club.
Nul doute que ce double parrainage comptera dans la décision prise l’année suivante par Andrée Dupeyron, de suivre son mari dans sa passion du pilotage. Avouons que c’est un nom qui évoque peu de souvenirs pour un grand nombre d’entre nous, sauf si on mentionne le fait que son histoire est à l’origine du scénario du célèbre film « Le Ciel est à vous » de Jean Grémillon !
Dernier maillon dans cette chaîne, on peut imaginer l’émotion de la distinguée Madeleine Charnaux qui revient en 1935 sur le lieu des débuts de celle qui l’a précédée dans l’équipe de Caudron-Renault avant de disparaître l’année précédente.
Deux autres femmes exceptionnelles complètent cette sorte d’anthologie : Léna Bernstein qui ne fera que passer le temps d’un meeting – le premier – en 1930, mais qui méritait qu’on rappelle son destin tragique, et enfin Elisabeth Boselli, pour qui Mont-de-Marsan est synonyme de transformation sur avion à réaction et de double record du monde de vitesse en 1954 et 1955.
L’auteur n’a certainement pas eu l’ambition d’écrire autant de biographies exhaustives qu’il y a de chapitres, mais il nous livre des portraits chaleureux de femmes qu’il admire, c’est certainement là le secret d’un texte au style agréable et vivant. Ajoutons que l’aspect général de ce livre est très réussi – en particulier la couverture qui est une des plus belle de l’année – et qu’il est bien illustré, même si certaines de ces illustrations n’ont pas de légende (dommage !)
L’auteur, François Maurice, est le conservateur du musée de la base aérienne de Mont-de-Marsan ; qu’on nous permette de donner ici un coup de chapeau à tous ces petits musées créés sur différentes bases à travers la France – souvent difficiles d’accès, et qui réalisent avec peu de moyens un travail de recherche et de mémoire exceptionnels.
Pierre-François Mary
120 pages, 21 x 21 cm, couverture souple