Lorsque l’on participe en tant qu’acteur ou spectateur à une prise d’armes on ne pense jamais au parcours de celui qui préside celle-ci.
Désormais on peut/pourrait se poser la question à la lecture de cette remarquable biographie du Général Serge Soulet. Unanimement apprécié de son vivant, la maladie l’a emporté bien trop jeune à l’âge de 55 ans en 2017.
Afin de mieux faire connaitre une carrière, certes commune à ses débuts pour un officier de l’Ecole de l’Air, son oncle Jean-François Soulet a pris le soin de retracer ses états de service et tous les postes où est passé Serge. L’auteur, historien de métier, l’a agrémenté de souvenirs écrits par ceux qui l’ont fréquenté tout au long de sa vie militaire particulièrement riche et réussie. Débuté par St-Cyr elle se termine par un haut poste à responsabilité que fut commandant des Forces Aériennes. Ce Lorrain fils d’instituteur ne réussira pas par hasard et sa force de travail quotidienne sera récompensée par des emplois et postes importants et décisionnaires à un moment où l’armée en général servira de variable d’ajustement où les restrictions budgétaires amèneront à des choix difficiles à faire.
Avant d’arriver à la tête du commandement des Forces Aériennes on suit son parcours au travers d’étapes qui auront particulièrement marqué sa carrière comme se trouver à la tête de l’Escadron de Chasse 1/30 Alsace où il rend hommage aux mécaniciens « [..] où leur sérieux et motivation sont tellement profonds que je les admire et les respecte ». Et plus tard à la base aériennes 103 de Cambrai-Epinoy où l’on se souviendra de lui comme quelqu’un qui avait du charisme, à l’importance qu’il apportait aux hommes et aux femmes sous ses ordres, son intelligence de situation et sa capacité exceptionnelle à être à l’écoute ; à expliquer avec des mots simples, à s’adapter aux interlocuteurs. En juillet 2007 il quitte le Nord pour rejoindre le Centre des Hautes études militaires puis s’ouvrir à l’interarmées, au cabinet du ministre de la Défense, l’état-major de l’armée de l’Air car son haut potentiel avait été détecté. Il poursuit au poste de commandant des forces aériennes et du soutien des forces aériennes juste avant de fusionner et être le commandant des Forces Aériennes [unifiées] avec 23.000 militaires et 500 unités sous ses ordres.
La lecture de ce remarquable livre aide à voir d’un autre côté les transformations radicales de l’armée de l’air : pour un profane découvrir que l’armée de l’air perd 30 % de ses personnels en peu de temps et pour ceux qui en firent partie, se rappeler les sigles barbares de LPM, RGPP, BASAL et des difficultés de fonctionnement d’une institution qui malgré tout continuait à faire face. Les décisions de « big moustache » sa belle connaissance de l’organisation et des ressources humaines n’y sont pas étrangères. Recommandé.
B. Hugot
280 pages, 16 x 24 cm, broché