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Le commandant de Rose, créateur de l’aviation de chasse

Héros méconnu de la grande guerre
1876-1916
Jean-Pierre Dumond

L’inscription « Mort pour la France, le 11 mai 1916 » sur une pierre tombale, ornée de trois roses grenat, au cimetière de Jonchery-sur-Vesle, révèle par hasard à Jean-Pierre Dumond l’existence du chef d’escadrons Jean Baptiste Marie Charles, baron de Tricornot, marquis de Rose, premier Brevet d’Aviateur Militaire en 1911, et créateur de l’aviation de chasse. Fasciné par le personnage qu’il finit par mieux connaître, il nous relate ici la vie étonnante de “l’une des plus nobles figures de l’aviation militaire”.

Catholique et fervent croyant, de Rose est habité par “le sens de l’honneur et de la vertu”. Il commence sa carrière dans la cavalerie, à Lunéville, au 9e Dragons, et y reçoit l’ordre de participer aux Inventaires à Haussonville, en mars 1906, en application de la loi de séparation de l’Église et de l’État. Ses convictions religieuses lui interdisent de forcer les portes d’une église ; un refus d’obéissance qui le conduit au tribunal militaire. Innocenté, il n’échappe pas à trois ans de non-activité où il découvre l’industrie la plus moderne de l’époque, celle des moteurs à explosion pour automobiles et aéroplanes. Dès lors sa passion pour l’aviation, dont il admire l’exploit des pionniers, ne faiblira plus. En 1910, le général Pierre Auguste Roques, “père fondateur” et commandant de l’Aéronautique Militaire, en quête de pilotes et mécaniciens, lance un appel à candidature dans tous les Corps d’Armée. Charles de Rose intègre la formation de pilote, en raison de ses qualités sportives et de ses connaissances techniques. Il fait ses premiers vols sur Blériot XI, à l’école Blériot de Pau, en novembre 1910, «un avion dangereux par la fragilité de son haubanage», puis acquiert très vite de l’expérience, bat des records (altitude à 3899 m en 1911) et s’implique dans les missions d’observation au profit de l’Artillerie, et dans la modernisation des appareils avec tous ceux de l’Établissement d’Aviation Militaire de Vincennes, creuset de cette jeune aviation. Bravant le danger sur des appareils peu sûrs, il démontre en vol l’intérêt militaire des aéronefs d’observation et de reconnaissance, et pose rapidement la question de leur armement. Malgré les réticences de l’État-major Général, il défend avec conviction la cause de l’Aviation Militaire auprès des hommes politiques pour plus de crédits, et théorise son emploi dans tous les domaines de lutte, confortant son statut de nouvelle Arme qui reçoit son drapeau le 14 juillet 1912.

Cette indépendance d’Arme n’est plus de mise quand la guerre de 1914 éclate. Les forces aériennes auxquelles ont croit moins en raison de la fragilité des appareils, de leurs faibles capacités d’emport, et de fréquentes pannes, sont réorganisées ; les escadrilles sont réparties entre les Armées : la doctrine d’emploi de l’Aviation est à réécrire. Seuls quelques généraux clairvoyants comme Franchet d’Esperey, croient encore à l’Aviation et permettent la création de la première escadrille de chasse, le 1e mars 1915, la MS-12 (pour Morane Saulnier), par Charles de Rose.

La description très documentée des combats aériens et des batailles terrestres de la Grande Guerre souligne la bravoure des aviateurs, qui écrivirent en lettres de sang les premières pages de gloire de notre belle Aviation Militaire, en particulier dans le ciel de Verdun.

La personnalité rayonnante du Commandant de Rose, sa générosité, son courage, sa détermination admirable, comme pilote, ingénieur, meneur d’hommes, que l’on accompagne en mission mais aussi en famille, et dont on suit tous les combats au sol et dans la foudre du ciel, révèle une personnalité hors du commun dont les méthodes de combat aérien s’imposèrent dans toutes les escadrilles de chasse, dès le printemps 1916.

Au fil des missions aériennes, si bien décrites, on rencontre les figures légendaires des Navarre, Chambe, Garros, Guynemer, pilotant les Nieuport, Morane-Saulnier Parasol, Spad, et autres Caudron, Farman, Voisin, contre les Aviatik, Albatros et Fokker.
Ils étaient tous les enfants de Charles de Rose, qui perdit la vie accidentellement aux commandes de son Nieuport XI. Ce bel ouvrage, abondamment illustré, et d’une valeur historique tout à fait remarquable sur la guerre de 1914, permet de mieux le comprendre.

Richard Feeser


490 pages, 22 x 14,5 cm, couverture souple
15 cartes, 256 illustrations dont 81 photos et 80 croquis


– Préface de Monsieur François de Rose, Ambassadeur de France, fils de Charles de Rose

En bref

Société des Écrivains

ISBN:978-2-7480-3061-7

22€