Un récit, trois époques : Le crépuscule des guerriers, c’est l’histoire de deux familles qui se croisent et se recroisent, à travers la Seconde Guerre mondiale, les années 60 et l’ère contemporaine. C’est aussi une histoire qui s’étale de la Rhodésie à la mer du Nord, en passant par la Libye et la France.
Côté dessin, pas grand-chose à signaler. Yves Plateau n’est plus un débutant, même s’il a surtout travaillé sur des séries historiques pour la jeunesse (Alix et Jhen, pour être précis), et il fournit un travail soigné, à mi-chemin entre réalisme et ligne claire ; il est permis de regretter le manque de dynamisme de certaines scènes, les distances ridiculement faibles qui séparent les avions et un découpage très conventionnel (quelques pages sortent tout de même du lot), mais c’est globalement plutôt agréable et le coloriste a su varier les ambiances, entre l’été africain et l’hiver nordique.
Côté scénario, il y a du bon et du moins bon. Côté positif : de l’action, des rebondissements, une certaine tension et un vrai rythme narratif malgré les changements réguliers d’époque. Côté négatif, on note certaines scènes confondantes de naïveté (le pilote d’un Warhawk qui contacte un Storch pour qu’il récupère le pilote du Bf 109 qu’il vient d’abattre, vraiment ?)… et surtout une trame globale à laquelle il est impossible de croire : trop de coïncidences, trop de coups de théâtre téléphonés, le scénario semble cousu d’un fil blanc apte à amarrer le Queen Mary II.
Le crépuscule des guerriers se lit donc globalement sans déplaisir, mais l’invraisemblance des coïncidences sur lesquelles repose le scénario impose de le lire sans trop d’esprit critique.
Franck Mée
(64 pages, format 24 x 32 cm, relié)