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Le dernier ennemi

Richard Hillary

Regards croisés : Deux recensions, par deux rédacteurs différents, pour un ouvrage exceptionnel.


Le dernier ennemi… Richard Hillary, jeune homme très anglais dans une université très anglaise, avec une philosophie très anglaise et pratiquant des sports très anglais, raconte sa propre histoire. Le 3 septembre 1940, le cockpit de son Spitfire s’enflamme lorsque des balles allemandes atteignent le réservoir situé juste devant le pare-brise. Atrocement brûlé au visage et aux mains, il parvient à s’extraire de l’avion et tombe dans l’eau froide et salée de la Manche. Seulement, tout au long du récit, on a le sentiment qu’il s’agit d’un roman. Comment le survivant d’un tel drame pourrait-il raconter avec autant de détachement et de cynisme son propre calvaire ? C’est le style de Richard Hillary, d’ailleurs souvent comparé à celui des plus grands. Mais le récit de Richard Hillary recèle bien d’autres trésors.

Face à la montée en puissance de l’Allemagne nazie, dans les années trente, la jeunesse dorée anglaise qui ne vit que philosophie feutrée à Oxford, de sherry dans les clubs de gentlemen ou de compétitions d’aviron avec le rival éternel, va devoir se mobiliser pour la guerre. Pourquoi faire cette guerre, au fond ? De superbe façon, dans un style exceptionnel, toujours avec ce détachement et cet apparent cynisme tout « british », Richard Hillary montre comment ses camarades et lui sont parvenus à l’impérieuse nécessité de ce battre, pour sauver « le courage d’aimer, de créer, de prendre des risques », pour sauver de la disparition « l’amour, la spontanéité, la faculté de s’émouvoir ».

Toute la beauté de ce texte et tout le talent de Richard Hillary, arraché trop tôt à la vie à bord d’un Blenheim, font de ce livre, sans conteste, le chef d’œuvre par excellence de la Seconde Guerre mondiale.

Tim Larribau


Richard Hillary fut l’un des premiers pilotes de la RAF à se faire abattre lors de la bataille d’Angleterre. Récupéré dans la Manche gravement blessé et brûlé, il écrivit « Le dernier ennemi » pendant sa longue convalescence entrecoupée de lourdes et pénibles interventions chirurgicales. Ouvrage trop peu connu en France, il s’agit pourtant d’un chef d’œuvre incontestable, profondément bouleversant et empreint d’humanité.

« Le dernier ennemi », un « faux roman » ? Il convient de commencer la lecture de ce livre par l’avant-propos de l’amiral Jubelin, désormais placé en fin d’ouvrage, pour apprendre que ce que Richard Hillary présentait comme une œuvre romanesque est en fait la narration de souvenirs personnels tout à fait véridiques. Le pilote-écrivain trouva la mort à 23 ans, le 8 janvier 1943, lors d’un entraînement sur un Bristol Blenheim, laissant derrière lui un livre absolument inoubliable.

« Le dernier ennemi détruit, c’est la Mort » (Corinthiens, 15:26)

Philippe Ballarini


208 pages, 15,5 x 22 cm, couverture souple
– Préface de Bernard Chabbert
Aérobibliothèque : coup de cœur 2003

En bref

Éditions Vario

ISBN : 2-913663-06-0

Coup de cœur 2003
23 €