Vous souvenez-vous de nos remarques sur le premier tome de Faucon du désert (intitulé Martuba Airfield) ?
Eh bien, le présent deuxième tome, Hal Far, continue dans la même veine.
On retrouve donc le dessin classique, mais agréable et expressif de Franz Zumstein, accompagné de couleurs claires réussies. On retrouve aussi, hélas, le scénario du même Franz Zumstein, farci d’absurdités jusqu’à l’indigestion.
Sérieusement, admettons même une seconde qu’Ali apprenne à voler sur un simulateur bricolé et finisse, amitié avec Hans-Joachim Marseille aidant, par se faire offrir un Messerschmitt Bf 109 (tome 1). Admettons.
Quelle est donc la probabilité que l’État-major italien, trouvant un pilote tunisien (certes de descendance germano-italienne) dans l’épave d’un Junkers 52, lui offre non seulement de rejoindre la Regia Aeronautica, mais de piloter un Macchi 202 Folgore, sommet de la technologie italienne disponible uniquement au compte-gouttes ?
Et quelle est la probabilité que cet individu, une fois descendu à Malte et réussissant à se faire passer pour un Polonais, se voie dans la foulée habilité à piloter un Spitfire ? Déjà, pour commencer, comment peut-on imaginer qu’Ali, qui parle déjà apparemment arabe, allemand et italien, maîtrise également suffisamment l’anglais pour intégrer une escadrille de la RAF ? Quatre langues, dont trois étrangères, pour un bricoleur tunisien, à une époque où parler une langue étrangère était rare même dans les milieux éduqués des pays industrialisés ?
Nous ne parlerons même pas de la fiancée enceinte qui apprend à son tour à piloter un Hurricane (toujours sur simulateur) avant d’en voler un exemplaire capturé par la Luftwaffe… En fait, on dirait bien que tous les appareils, dans toutes les armées méditerranéennes, sont en libre service pour n’importe quel quidam qui voudrait se donner la peine de monter dedans. Mieux : on leur fait le plein gracieusement.
Comme même les scènes de guerre sont d’une naïveté confondante (apparemment, tous les pilotes allemands ou italiens désapprouvent profondément la politique de leur pays…), il faudrait vraiment que Zumstein se concentre sur le dessin et s’offre les services d’un vrai scénariste. Ça sera peut-être moins fantasmatique, mais un minimum de cohérence ne fait jamais de mal — surtout quand, côté graphismes, on fait dans le réalisme sérieusement documenté.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, couverture cartonnée
– Tome 1 : Martuba Airfield
– Tome 2 : Hal far
– Tome 3 : Bergün
– Tome 4 : Saqqara
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Delcourt
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Delcourt