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Le Franzous (1942-1945)

Un Français dans la chasse russe
Paul-Jean Hérault

Les romans ayant pour cadre l’aviation sont rares, et le sont plus encore lorsque ce sujet constitue l’intégralité de l’intrigue. Alors, lorsqu’en plus l’auteur s’inspire d’une page très particulière de l’aviation française, on ne peut que se montrer curieux de ce qui va en ressortir.

Le sous-titre « Un Français dans la chasse russe » situe immédiatement l’essentiel de l’action. Après un très classique premier chapitre plantant habilement les personnages, nous voici sur le théâtre des opérations. Il sera étendu à l’échelle du front et des arrières du conflit tel qu’il se déroula à l’Est. Comme tout roman, il s’inspire de faits ayant l’aspect de la réalité mais dont les éléments sont combinés pour servir le récit. Et à ce petit jeu, les puristes ne manqueront pas de noter quelques éléments « trop beaux », voire erronés (les médailles évoquées n’ont pas toutes la bonne appellation) ou carrément faux : le régiment qui accueille le héros a bien existé mais n’a jamais volé sur Lavotchkine La-5 !

Laissons de côté notre esprit tatillon et laissons-nous mener par le style fluide et la trame limpide. Hormis un problème de typographie dans les premières pages et le fait — récurrent — que le tiret soit remplacé par le point-virgule (probablement par la magie des transferts informatiques), on est vite accroché par cette histoire parfois un peu longue. Mais trois ans de guerre ne le sont-ils effectivement pas ?

Bien des sentiments et des ressources humaines sont abordés, le pilotage le disputant à la vie d’escadrille… et à la vie tout court. Et au fur et à mesure que progresse le calendrier, monte la tension : qu’adviendra-t-il du héros, Justin ? Comment vivra-t-il — s’il survit au conflit — le retour à la paix ? Et d’ailleurs, l’histoire s’arrêtera-t-elle là ?

Sans être révolutionnaire, ce livre offre de belles heures de lecture à qui saura faire abstraction d’une comparaison avec le Normandie Niémen (ce qui ne sera pas aisé vu qu’il y est évoqué). Ceux moins au fait du quotidien de l’armée de l’air soviétique de l’époque y trouveront d’autant plus un récit et quelques ressorts parfaits pour alimenter la nostalgie idéalisée d’une aviation d’un style presque à son apogée, poursuivant sa mutation tout en y entraînant ceux qui la servent. Une récréation honnête pour les amateurs d’envolées (presque) historiques.

François Ribailly


356 pages, 14,5 x 24 cm, couverture souple pelliculée

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Éditions de l’Officine

ISBN 2-915680-32-9

24 €