Il fut un temps où, en salle de lecture du Service historique de l’armée de l’Air de Vincennes, il était possible de consulter, en accès libre et permanent, un grand nombre de fascicules consacrés aux groupes de chasse, de bombardement, de reconnaissance et d’observation de 1939-1940. Ces ouvrages uniques avaient été élaborés par le service dans les années soixante et reflétaient parfaitement les journaux des marches et opérations, les relevés de citation, les états du personnel … Tout ceci a disparu corps et bien avec la fermeture du SHAA. C’est un peu dans l’esprit de ces ouvrages qu’a été conçue cette étude du Groupe de chasse III/3, par le tandem de passionnés éclairés formé par Bernard Philippe et Bertrand Hugot. « Passionnés » parce que leur attachement à ce qu’a vécu l’armée de l’Air en 39-40 est avéré depuis de nombreuses années, « éclairés » parce que, non contents d’épuiser toutes les archives officielles disponibles, ils ont battu la campagne afin de rencontrer les survivants et les descendants des hommes du III/3. Ils en ont retiré de belles rencontres, mais aussi des documents personnels inédits qui ont sans nul doute amélioré leur connaissance du sujet (nombreuses photos, carnets de vol …) et dont ils nous font profiter dans leur ouvrage. Saluons également le fait d’avoir choisi de parler d’une unité méconnue, peu ou pas traitée à ce jour, bien que celle-ci n’ait pas démérité avec un palmarès de 39 appareils abattus, déplorant la perte de dix pilotes. C’est donc une œuvre utile qui a été établie là, et ce, avec la plus grande minutie.
L’histoire du III/3 est traitée chronologiquement, émaillée de nombreux témoignages des acteurs de l’époque, très illustrée de documents les plus divers. Dix annexes, soit vingt pages, complètent utilement le récit, parmi lesquelles 65 portraits sommaires des pilotes du groupe, tous comportant une photo de l’intéressé, ou encore le recensement des MS.406 et D.520 affectés à l’unité. Les profils couleur de Yan le Gal raviront les maquettistes, d’autant que la plupart, figurés verticalement, occupent toute la hauteur de la page, soit 26 cm ! Les traditions ne sont pas oubliées, ce qui aurait été d’autant plus dommage que l’insigne de la 2e escadrille, « les pirates », créé ex nihilo et sans lien avec la Grande Guerre, est particulièrement réussi et a fait l’objet de deux versions (alors que celui de la 1re escadrille, la SPA 150, n’a jamais été fabriqué !)
Au final, nous avons dans les mains un historique dense, très documenté et très attrayant, comme on aimerait en voir pour chaque groupe aérien de la Bataille de France. L’impression et la reproduction des photos sont très correctes ; on regrettera toutefois qu’un ouvrage de plus de 200 pages bénéficie seulement d’une couverture souple et d’un dos collé qui, s’ils ne sont pas ménagés comme il le faut au fil des consultations et lectures, ne manqueront probablement pas de se dégrader.
Bernard Palmieri
208 pages A4 (21 x 29,7 cm), couverture souple
300 illustrations
1,139 kg
– Collection Histoire des Unités n°13
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