Le grand duc [3]

Hiver 1944-1945. L’étau se resserre autour de l’Allemagne nazie et l’entrée des Soviétiques dans Berlin n’est plus qu’une question de temps. Les combats de la Luftwaffe ne servent qu’à retarder une échéance à laquelle seuls Hitler et quelques nazis fanatiques ne croient pas. La situation de ceux dont il faut bien admettre qu’ils sont les deux héros de cette histoire, l’Oberleutnant de la Luftwaffe Adolf Wulf et le lieutenant de la VVS Lilya Litvasky. Dès le premier tome de cette trilogie, on avait pressenti un rapprochement progressif de ces deux ennemis qui ont bien des points de ressemblance et qui, l’un comme l’autre, voient leur situation se dégrader dans le creuset infernal qu’est cette fin de guerre sur le front de l’Est. Plus on avance dans l’histoire, plus ces deux-là se rencontrent, et plus il devient évident que leurs destins sont irrémédiablement liés.

Wulf, psychologiquement atteint pas la dramatique disparition de sa fille Romy dans le chaudron de Dresde, s’adonne à la chasse libre de façon compulsive. Quant à Lilya, elle finit par voir son appareil abattu par la Flak et se retrouve prisonnière. Bien entendu, les choses n’en resteront pas là, dans ce climat délétère où la jalousie amoureuse et la haine politique jouent un rôle majeur. L’un et l’autre auront séparément à pâtir (le mot est faible !) de tribulations puisant leurs sources dans des hostilités assez semblables. Comment tout cela finira-t-il ?

Cet album est dans la même veine que ses deux prédécesseurs : un scénario captivant et rythmé, une histoire fort bien documentée, tant dans le synopsis que dans les dessins, où des anecdotes authentiques le disputent au caractère romanesque. Le dessinateur sert bien le scénario, dans une approche parfois assez cinématographique. Réciproquement, Yann offre à Romain Hugault bien des occasions pour épancher sa soif de filles plantureuses…. et d’avions variés. Cette fois encore, c’est un festival : tandis qu’on voit apparaître (entre autres) un Ju 188, un LaGG1 et un Ta 152, Romain Hugault nous gratifie même de la fugace vision d’un Me 323 Gigant et d’un He 177 Greif, la touche finale étant donnée par un Mistel Ju 88 + Bf 109F.

Cette histoire en trois temps remplit son office. Le scénario est riche, mais sans circonvolutions complexes, si bien que sa lecture en est à la fois captivante et aisée. D’aucun regretteront la fin qui leur paraîtra un peu abrupte, mais qui est en fait une des rares chutes possibles à être crédible. Il s’agit certes d’une « fiction historique », mais Yann et Hugault s’en tirent fort bien, mêlant réalisme et romanesque. On en redemande !

Philippe Ballarini

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48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée

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* VVS : Военно-воздушные силы, Voenno-Vozdushnye Sily, Armée de l’Air (soviétique)
* Flak : Fliegerabwehrkanone : canon antiaérien. Par extension, artillerie antiaérienne.

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– Les albums de la série Le grand duc

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Avec l’aimable autorisation de © Éditions Paquet

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