Ouvrage épuisé
En Bretagne, de nos jours.
René Dangel, directeur d’une petite base d’ultra-légers motorisés, a la surprise d’être contacté par un banquier, bailleur de fonds d’une association humanitaire. La question, aussi étonnante qu’inédite, est de savoir si des ULM peuvent servir à établir une liaison rapide dans le cadre d’une mission humanitaire. Car il y a, au cœur de l’Afrique, une peuplade dramatiquement touchée par le SIDA, et seule la voie aérienne permettrait de transmettre les échantillons sanguins assez vite pour les analyser efficacement — et les « vrais » avions sont chers, hélas.
Rapidement, l’étude est faite et, profitant des qualités aériennes et économiques de ces minuscules appareils, l’opération se met en place, René emmenant trois ULM et quelques pilotes en Afrique.
Arrivés sur place, surprise : les habitants se portent comme des charmes… Et puis, pourquoi un vieux moine a-t-il déserté la mission brutalement, en conseillant de se méfier du banquier ? Quelle confiance accorder à leur contact local, qui disparaît et réapparaît sans prévenir ? Et que fait là cet acteur pornographique, débarqué à l’improviste dans cette mission pleine d’inattendu ?
Les œuvres qui concernent l’aviation (romans, films, bandes dessinées…) peuvent se diviser en deux catégories : celles qui s’adressent aux spécialistes et laisseront le profane froid comme le Groënland en janvier, et celles que l’on peut sans problème confier à quiconque sait qu’un avion, c’est un machin avec deux ailes et un moteur.
Le jardin de Sénaboumba, aussi sérieux soit-il (l’auteur vous apprenait, il n’y a pas si longtemps, à construire vous-même votre ULM), appartient indiscutablement à la seconde catégorie. Sans jamais décevoir l’amateur éclairé, ce roman arrive à séduire bien au-delà des cercles aéronautiques : c’est un polar haletant, c’est un roman africain dépaysant, c’est une politique-fiction passionnante, c’est l’humanité de Terre des hommes et, cerise sur le gâteau, c’est bourré de petites pointes d’humour légèrement décalées, mais toujours savoureuses. Documenté sans être élitiste, engagé sans prendre la tête, un vrai petit bijou.
On notera en prime l’impression de qualité, sur un papier de teinte légèrement cassée bien plus agréable qu’un blanc glacé, et une qualité orthographique et typographique tout à fait correcte compte tenu des dimensions de l’éditeur — autrement dit, rien n’est parfait, mais on sent que ça a été bichonné autant que possible.
Et pour votre bonne conscience, pour chaque livre acheté, un euro est reversé à Aviation sans frontières.
Franck Mée
239 pages, 15,5 x 22 cm, broché
Préface de Gérald Similowski, co-fondateur d’Aviation Sans Frontières