Avec son allure typique des années trente, son train d’atterrissage fixe et surtout son revêtement en « tôle ondulée », le trimoteur Junkers Ju 52 est une figure incontournable de l’aviation du milieu du XXe siècle, d’autant plus qu’il fut construit à près de 5000 exemplaires. Initialement appareil de transport civil, il fut rapidement adopté par la Luftwaffe qui l’assigna à des tâches variées (essentiellement du transport).
Le titre du livre Le Junkers Ju 52 de la Lufthansa à la Luftwaffe le laisse entendre : l’ouvrage est axé sur la carrière opérationnelle de « Tante Ju ». Trois pages intitulées « Les origines » plantent très sommairement le décor. On passe immédiatement au chapitre « Le Junkers 52 dans les compagnies aériennes » (en 13 pages), après quoi on assiste au glissement vers l’usage militaire, avec « Les Ju 52 au service du gouvernement du Reich et leur usage à des fins de propagande ».
C’est chose connue : la guerre d’Espagne servit de banc d’essai à la Luftwaffe. Avec le pont aérien destiné à débarquer les troupes nord-africaines en terre espagnole, c’est dès la page 39 qu’est abordée la carrière militaire du Ju 52. On ne quittera plus dans ce livre les opérations de guerre. Le Ju 52 fut de toutes les campagnes, de la Pologne à Stalingrad en passant par la France, l’Afrique du Nord, la Crète… C’est dire la variété des théâtres d’opérations qui sont évoqués dans cet ouvrage et dont on trouvera la liste en bas de page, avec le sommaire du livre*.
Le chapitre le plus conséquent — et c’est logique — est consacré au front de l’Est, depuis le déclenchement de l’opération Barbarossa jusqu’à l’effondrement des troupes du IIIe Reich. Quelques courts chapitres secondaires viennent clôturer le livre, en traitant de sujets secondaires, comme le Junkers 52 MS Mausi de déminage ou les modèles réduits de l’appareil. Les AAC-1 Toucan sont très brièvement évoqués en deux pages.
Le Junkers Ju 52 de la Lufthansa à la Luftwaffe pourra dérouter les habitués de la collection Profils d’avions. Pas de chapitre « Genèse et développement » et des éléments techniques qui se résument à une sorte de walkaround du Ju 52 de l’Amicale Jean-Baptiste Salis (49 photos couleur). On pourrait donc en conclure que l’accent est porté sur la carrière opérationnelle ; c’est à la fois vrai et inexact. Vrai en ce sens que ce livre nous égrène la carrière de « Tante Ju » sur les divers théâtres d’opérations, et ce de façon chronologique. Mais inexact dans la forme pris par ces chapitres. Pour chacun d’entre eux, le texte proprement dit est singulièrement réduit : par exemple, pour la partie intitulée « La campagne à l’ouest : le Westfeldzug« , une unique page de texte sur les treize du chapitre. Mais alors, quid des douze autres pages ? Des photos. Au total plus de 300, issues de la collection de l’auteur et quasiment toutes inédites ! Nous applaudirons le parti pris de Grégory Almeras : pas de retouche, pas de recadrage. Des photos imprimées soigneusement sur un papier les mettant en valeur. Mais alors, ce livre serait donc un album de photographies ? Là encore, c’est un peu vrai… tout en étant inexact. Si parfois certains ouvrages sont illustrés de photos aux commentaires anémiques, c’est ici l’inverse. Les légendes sont quasiment toutes bien dodues et d’une indéniable richesse, couvrant parfois une surface équivalente à la photo elle-même*. Ainsi, nous nous trouvons en présence d’un livre un peu particulier, qui n’est pas une monographie, mais pas non plus un simple album thématique : considérons que le texte en début de chapitre plante le décor pour des événements qui sont ensuite évoqués par des images généreusement commentées. Cette approche originale ne manque pas d’intérêt, d’autant plus que les légendes, outre d’être abondantes, sont d’une richesse et d’une précision parfois étonnantes. Par ailleurs, certaines photos sont en couleur et d’autres d’une netteté et d’un piqué surprenants.
Quasiment pas d’annexes dans ce livre, mais un lexique (toujours bienvenu). Comme d’habitude chez l’éditeur Lela, rien à redire dans la facture de l’ouvrage. Tout au plus un infime regret : que sur la vingtaine d’excellents profils signés Thierry Dekker, cinq soient à cheval sur deux pages, ce qui les gâche un peu. Avouons que c’est bien maigre comme reproche pour un livre impeccable, abordant son sujet dans une approche qui ne manque pas d’originalité.
Philippe Ballarini
Sommaire : (Les sous-titres ne figurent pas dans cette liste)
– 01 – Les origines
– 02 – Le Junkers 52 dans les compagnies aériennes
– 03 – « Tante Ju » au service du gouvernement du Reich
– 04 – Le Ju 52 dans l’entre-deux-guerres, entre propagande et fierté nationale
– 05 – La guerre d’Espagne, le Ju 52 vole pour Franco
– 06 – Le Junkers 52 dans les écoles de la Luftwaffe
– 07 – La campagne de Pologne
– 08 – L’invasion du Danemark et de la Norvège, le vrai baptême du feu
– 09 – La campagne à l’ouest : la Westfeldzug
– 10 – Opération Marita : l’invasion de la Yougoslavie et de la Grèce
– 11 – La bataille de Crète
– 12 – Les codes de gouvernail et leur signification
– 13 – Le Junkers 52 en Méditerranée et les vols vers l’Afrique du Nord
– 14 – La réorganisation des groupes de transport de 1943
– 15 – La conquête de l’est
– 16 – Le Junkers 52 MS « Mausi »
– 17 – Le Junkers 52 dans les unités de seconde ligne
– 18 – Fin de carrière au sein de la Luftwaffe
– 19 – Quelques reliques
– 20 – Le carnet de vol du Major Löwe
– 21 – Du Junkers d’occupation à l’AAC-1 Toucan
– 22 – Toujours en vol : le Junkers 52 de l’Amicale Jean-Baptiste Salis
– 23 – Le Junkers 52 en modèle réduit
– Annexes (Bibliographie et sources)
– 176 pages 21 x 29,7 cm (A4), relié (couverture rigide)
0,855 kg
– environ 360 photos, 20 profils
– Collection Profils d’avions N°27
– Les autres ouvrages de la collection Profils d’avions
Avec l’aimable autorisation des
Éditions © Lela Presse
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