Les équipages de bombardiers n’ont guère la faveur du public (air connu), ce dernier leur préférant généralement les ouvrages traitant de la chasse. Dans le bombardement, point de « vedette », point de personnage célèbre, juste des groupes d’hommes obscurs dans l’ombre de leurs missions collectives. Ces équipages n’en risquaient pas moins leur vie, même si c’était de façon moins « théâtrale ».
De juin 1944 à avril 1945, les équipages français des 346 Sq. « Guyenne » et 347 Sq. « Tunisie » s’exposeront aux défenses meurtrière de la Flak et de la chasse allemandes à bord de leurs quadrimoteurs Halifax. Parmi eux, le Halifax III L-Love- NR 232 Y du capitaine Veauvy survolera la « vallée heureuse » chère à Jules Roy.
Si l’auteur se garde de prétendre avoir fait œuvre d’historienne, cet ouvrage, en raison de l’important travail de méticuleuses recherches effectuées aux meilleures sources, se situe bien au-delà du simple « travail de mémoire ». Une première partie est essentiellement consacrée à chacun des membres de l’équipage (dont certains membres ont participé à l’élaboration de l’ouvrage) et à leurs parcours respectifs. La seconde, le cœur de l’ouvrage, rapporte fidèlement et de manière aussi détaillée que possible les 38 missions de l’équipage du capitaine Veauvy, à l’aide des notes et archives de ce dernier, des souvenirs de ses compagnons d’équipage, le tout confronté aux archives du SHAA. Le troisième volet regroupe des souvenirs, des données fort intéressantes sur le Handley-Page Halifax, son équipement et son utilisation, ainsi que la suite de la carrière du capitaine François Veauvy.
Nous aurions pu nous trouver en présence d’un mémorial destiné uniquement à célébrer des combattants de l’Air trop peu connus. Le « L » for Love, en particulier dans sa seconde partie, donne un éclairage à la fois méticuleux, rigoureux et documenté (photos de bombardement, rapports, notes manuscrites…) sur ces missions de nuit vues « de l’intérieur », ce qui en fait un ouvrage de choix pour qui s’intéresse à l’histoire de ces « groupes lourds », bien discrets, à l’inverse de leurs appareils.
Philippe Ballarini
342 pages, format 16 x 24 cm, broché