La maîtrise de l’air a été le fruit de la recherche de chercheurs européens, français, allemands et britanniques. Née aux USA, l’aviation a ensuite passé sa jeunesse en France avant de repartir à la conquête du monde. Il serait sot et vain de chercher qui a « inventé » l’avion, fruit d’un faisceau de convergences de travaux de différents théoriciens ou expérimentateurs ayant chacun apporté sa pierre à l’édifice.
Au moment du centenaire du premier vol des frères Wright, il était peut-être bon de rappeler le rôle de chacun. Loin de toute polémique, il apparaît que l’aéroplane est né dans un climat de concurrence acharnée, non entre les États-Unis et la France, mais entre les Wright et des précurseurs et des pionniers français. Les travaux de Jules Marey, de Louis Mouillard, d’Alphonse Pénaud, collationnés et commentés par Octave Chanute, furent d’une très grande utilité aux Wright. Ces derniers commirent l’erreur de s’endormir sur leurs lauriers après avoir stimulé les pionniers français qui réussirent avec le succès que l’on sait.
Si la période des précurseurs fut celle de la circulation des connaissances, celle des pionniers connut d’âpres rivalités et autres disputes. L’écheveau est diablement confus de ces balbutiements d’une aviation en gestation, puis naissante. Depuis les géniaux visionnaires que furent certains précurseurs jusqu’à l’année 1909, année magique de l’aviation française, l’ouvrage de Claude Carlier, aussi peu partisan qu’il soit possible, remet bon ordre dans une histoire souvent entachée de parti-pris.
L’ouvrage se lit comme un beau roman, tonique et alerte, mais ne cédant pas un pouce à l’approximation ou à la polémique. Une excellente évocation de la naissance du « plus lourd que l’air », abondamment étayée d’extraits et de témoignages, permettant non seulement de (re)faire connaissance avec de nombreux précurseurs et pionniers, mais précisant le rôle et l’apport de chacun dans le contexte de l’époque. L’ouvrage idéal pour aborder les débuts de l’aviation ou remettre de l’ordre dans ses connaissances.
Philippe Ballarini
376 pages, 15,5 x 24 cm, broché