Ce livre est une nouvelle étude à la présentation soignée du chasseur Marcel Dassault MD-450 « Ouragan ». L’épaisse couverture rigide, le papier de bonne épaisseur, l’impression classique et de bonne qualité, la mise en page aérée et claire, les photographies pour la plupart en grand format, rendent cet ouvrage agréable à consulter. Les pages sont parsemées de nombreux tableaux de synthèse, clairs et instructifs.
Nicolas de Lemos, qui anime une petite série de présentations vidéo sur l’histoire de l’aviation française, avait déjà publié une première monographie d’avion il y a quelques années sur le Fouga Magister, qui n’a pas laissé un souvenir bien marquant. Clairement, cette nouvelle étude consacrée au premier avion à réaction de Marcel Dassault est nettement plus réussie. Sans être au niveau d’excellence des ouvrages de l’équipe d’Éric Moreau, celle-ci vient combler favorablement un trou dans la documentation sur les avions de chasse français d’après-guerre.
La première partie de l’ouvrage survole la genèse. Viennent ensuite les carrières succinctes des trois prototypes dont la carrière est expédiée en quelques pages qui résument ce qu’avait écrit Jean Cuny à leur sujet dans le Docavia qu’il avait consacré à cette famille d’avions, en expurgeant les informations trop détaillées. Il en est de même ensuite pour les quatorze exemplaires de présérie. L’iconographie est néanmoins à l’avantage du nouvel ouvrage, le Docavia souffrant de la qualité et du format de l’époque. La suite est consacrée à la construction en série, en s’appuyant sur des documents précis, provenant notamment des dossiers que Bruno Vielle a rassemblés auprès de René Lemaire et mis à disposition. Un extrait d’un document sur l’étude des commandes vol par le CEV vient également enrichir ce chapitre. Puis on enchaîne sur la description technique, généreusement illustrée de très nombreux dessins extraits de notices techniques. Quelques plans de Cuny y sont « repiqués » sans grande habileté. Cette description par le menu occupe à elle seule une cinquantaine de pages.
Le chapitre sur les carrières opérationnelles est classé par unités, avec la reproduction des insignes et une liste de chacun des codes alloués aux divers exemplaires, sans toutefois entrer dans le détail de leur utilisation. C’est l’occasion de présenter de nombreux profils couleur soignés, signés Davy. Toutefois, certaines photos semblent provenir de reproductions dont le relief est gommé par la grisaille. Après les unités de l’armée de l’Air, viennent les étrangers, dont les Israéliens et les indiens se taillent évidemment la part belle. Puis un important chapitre reprend les manuels de procédures et de pilotage. Un tableau résumant les carrières individuelles de chaque exemplaire construit, en incluant les étrangers, occupe près de 70 pages, ponctuées de nombreuses photographies. Cette étude s’achève avec un recensement des accidents dont ont été victimes les Ouragan.
Le livre est complété par quelques chapitres supplémentaires, qui auraient pu être placés en annexes, sur quelques sujets connexes : comparatif avec la concurrence de l’époque, projets dérivés, incluant le prototype Barougan, un photoscope réalisé sur des exemplaires préservés, et un chapitre raté sur les avions ayant servi de banc d’essais volants des moteurs Atar, où l’auteur confond l’Armagnac avec le Languedoc. Les dernières pages reproduisent un document de formation des mécaniciens.
Sans doute mal habitué à l’excellence et l’exhaustivité par les ouvrages exceptionnels réalisés par Chenel, Moreau et Liébert, ce livre ne soutient pas la comparaison. Néanmoins, il s’agit quand même d’un bon livre, consacré à l’Ouragan, premier grand succès d’après-guerre pour la société Dassault (je préfère oublier le hors-série d’Air et Cosmos qui n’est pas digne de l’importance de cet avion). Il balaye avec plus ou moins de bonheur l’ensemble du sujet, d’une manière agréable, sans entrer dans le détail, avec une illustration assez riche, sans être pour autant exceptionnelle. C’est un bon pas dans la connaissance de ce sujet, même si le Docavia, moins bien illustré, reste incontournable pour aller davantage dans le détail historique et technique.
Philippe Ricco
264 pages, 22 x 27 cm, relié
1,275 kg