Sous une solide couverture cartonnée et un façonnage soigné, Frédéric Bruyelle, un des spécialistes des Forces Aériennes Françaises Libres, produit ici le premier tome d’un travail mémoriel consacré comme on l’aura compris aux aviateurs de la France Libre.
L’auteur a choisi un découpage thématique, là où on s’attendrait à une suite simplement chronologique. Et le choix du thème est surprenant au premier abord, car c’est celui des aviateurs qui ont perdu la vie au cours de leur entrainement. Et c’est heureux, car ce sont les combattants de première ligne, et les pilotes de chasse se taillent la part du lion, qui sont toujours mis en lumière. Ici, chaque engagé est mis à l’honneur.
Cet ouvrage fait donc écho à « Aviateurs de la liberté », du Colonel Henry Lafont, publié par le Service Historique de l’Armée de l’Air en 2002. Et déjà ce livre était sous-titré « Mémorial des Forces Aériennes Françaises Libres ». Entretemps, la connaissance a évolué, certains historiens ont poursuivi inlassablement leurs recherches, retrouvant des familles, des nouveaux documents se faisant jour.
Le livre est articulé en deux parties, la première détaille l’instruction délivrée aux aviateurs en Grande-Bretagne, se basant à la fois sur l’organisation de la Royal Air Force, la mise en place des plans d’expansion de l’entrainement des personnels navigants, les différentes écoles et la progression logique des élèves, et sur des témoignages, des récits oraux ou écrits laissés par les F.A.F.L., des documents nombreux et variés, des photographies. La seconde partie détaille pour chacun des aviateurs tués une biographie fouillée, remontant aux ascendants et à la première guerre mondiale, les circonstances de l’évasion du pays pour rejoindre la France combattante, le cursus suivi en Grande-Bretagne et les circonstances de l’accident mortel.
Le niveau de détail peut parfois donner le tournis, vu la la profusion d’illustrations et de renseignements annexes, souvent rajoutés en notes marginales. On ne peut que regretter parfois des documents reproduits trop petits, mais il y en a beaucoup et on imagine que la place était limitée, et qu’il a fallu faire des choix.
Les illustrations sont très nombreuses, majoritairement en noir & blanc, et l’ensemble est rehaussé par quelques éléments en couleur, reproduction de documents jaunis par le temps, sépultures, items ayant appartenu à ces F.A.F.L…
On ne peut que regretter quelques fautes ayant échappé à la relecture, le livre étant touffu, presque bourré à craquer de détails, de précisions, d’anecdotes. Rares sont les points qui ont échappé à la perspicacité de Frédéric Bruyelle, à qui on devait déjà l’historique du groupe « Ile-de-France », Gusto !
Ce livre agréable à lire est cependant exigeant pour son lectorat, comme il aura exigé un travail intense à son auteur. C’est un apport essentiel à l’Histoire des F.A.F.L., et plus globalement à la compréhension de la vie et des combats des aviateurs de la deuxième guerre mondiale.
Jocelyn Leclercq
– 224 pages, format 21,5 x 30,3 cm, couverture cartonnée
– 1,2 kg