L’aéronautique, sujet de passion… L’existence même de ces espaces où nous nous exprimons en est un exemple particulièrement vivant, mais il en est foultitude d’autres, dont l’objet très méconnu de ce livre : l’archéologie aérienne. Plus des neuf-dixièmes de l’activité dans ce domaine est bénévole, tant côté archéo que côté aéro…
Ce livre de 2004 est une œuvre collective ; Patrick F. Joy (†), archéologue bénévole bien connu et pilote privé, s’y est associé avec un autre pilote passionné d’archéologie aérienne, le journaliste aéronautique François BESSE, et avec Patrick GOUGE, qui travaille au Service Départemental d’Archéologie de Seine et Marne. L’ouvrage est financé par la Direction Régionale des Affaires Culturelles et édité par une association savante, le GERSAR.
Ici, point de récit agrémenté d’anecdotes. Point, non plus, de caractéristiques ou de performances de ces machines qui nous font rêver. Ce que nous présentent les auteurs, c’est l’archéologie aérienne en Ile de France : l’intérêt de l’observation aérienne, les différents moyens que l’aéronautique offre pour cette mission, la méthode de travail, et un catalogue des sites remarquables dans la région concernée.
On sait que tel végétal pousse plus ou moins bien sur telle qualité de sol, ou que certaines différences de texture ou de couleur peuvent révéler la présence enfouie de matériaux apportés sur place dans des temps reculés. On sait aussi qu’une lumière rasante ou encore la présence d’eau en surface dévoilent des mouvements de terrain insoupçonnés… Toutes choses que l’aéronef permet de découvrir, d’identifier, de « documenter ». Toutes choses qui confèrent au plaisir du vol une dimension nouvelle, d’une richesse qui n’est pas près de s’éteindre, pour peu que l’on s’intéresse au passé des hommes. D’ailleurs… Ce n’est pas par hasard qu’un service de conservation départemental a choisi il y a quelques années de mettre en place dans son musée un hélicoptère, depuis l’habitacle duquel le public, ainsi mis en situation, regarde des images aériennes sur les sites archéologiques des environs*.
François Besse, lui, avoue volontiers que c’est à l’occasion d’un reportage qu’il a découvert cette activité, qui s’est imposée à lui comme une véritable passion. Mais quoi de plus naturel, en vol, que de regarder en bas ? Dès lors, quoi de plus évident que la découverte d’un lieu particulier, visible de ce balcon mobile qu’est l’aéronef, la curiosité faisant — presque — le reste !
D’abord d’une lecture un peu aride, le livre prend vite son lecteur au piège de la curiosité. Il est typiquement de ceux qu’il faudrait laisser traîner partout dans les aéro-clubs. Car on se surprend, en le feuilletant, à se remémorer des sites inconnus entrevus du ciel, et des trucs bizarres au sol… Et si c’étaient des vestiges ?
Il y a encore tant et tant de traces du passé à mettre au jour…
Philippe Boulay
148 pages, 21 x 29,7 cm, couverture souple
* Cette opération a été conduite en 2004-2005 par le Conseil Général de la Vendée en partenariat avec le Groupement Français de l’Hélicoptère et le Musée de l’ALAT et de l’Hélicoptère.