Frédéric Beltran possède un double profil: celui de pilote de ligne d’une part, qualifié sur plusieurs types de Boeing et d’Airbus, et celui de préparateur mental, qu’il a façonné au travers d’une première formation universitaire à Clermont-Ferrand dans ce domaine, puis d’un diplôme universitaire de médecine consacré aux « méditations et neurosciences ». Il est donc très logiquement devenu formateur en facteur humains à Air France, puis formateur de formateurs.
C’est donc un grand professionnel qui vient nous proposer cet ouvrage Le pilote acteur de sa sécurité consacré, selon son sous-titre au Facteur humain, du pilote avion à l’instructeur.
22 points sont abordés, et l’auteur consacre à chacun de 4 à 6 pages, avec à chaque fois un plan très efficace :
* Le sujet ( la connaissance de soi, les modes mentaux, stress et performance, le discours interne, les émotions, le signal faible, l’attention, la zone de confort, estime de soi et ego, effet Dunning-Kruger, l’apprentissage, erreur et apprentissage, erreur et résilience, l’effet de surprise, la charge de travail, la respiration, l’imagerie mentale, les biais cognitifs, la communication, l’explicitation et l’auto-explicitation, le hasard, la prise de décision), avec les thèmes associés et un critère de classification de ces sujets, Théorie ou Outils ;
* Une introduction « C’est arrivé en… [date] » nous présentant une situation accidentogène. Une grande partie de ces incidents/accidents/anecdotes proviennent des rapports du BEA (1) ;
* « Quelques mots » d’explication des concepts, des définition…
* Les points-clés ;
* Application Pilote ;
* Application Instructeur ;
* Application Élève-Pilote ;
* Le petit mot de la fin : petite maxime de son cru, réflexion ou citation.
S’ensuivent un chapitre « Bilan : ce que je sais et ce que je sais faire », un « tableau de bord des facteurs humains », quelques annexes et une bibliographie. Il faut noter que de nombreuses notes sont placées en bas de page, nous incitant à nous reporter à ces annexes, à d’autres sections du livre ou à un lien extérieur.
Rien de docte là-dedans, c’est très agréable à lire et on sent un grand effort didactique à chaque explication (2).
Parfois effleure une pointe d’humour ; quand un sujet sur les erreurs rappelle que nous en commettons tous, l’auteur glisse un souhait de ne pas en avoir trop fait dans la rédaction de son livre (3) ; quand le thème abordé est l’apprentissage, il souhaite que le travail sur son ouvrage ait créé des connexions effort/satisfaction, etc.
Vous comprendrez donc le grand intérêt de se plonger dans ce manuel.
Le sous-titre en est simplement trop réducteur, et l’auteur le précise bien dans son introduction : «Ce livre s’adresse au pilote de tout ce qui vole, seul dans son cockpit ou en équipage, à l’instructeur et à l’élève-pilote. Avion, ULM, autogire, hélico, et aussi parapente, planeur, etc.»
Jean-Noël Violette
1) BEA, Bureau d’Enquêtes et d’Analyses, anciennement Bureau Enquêtes-Accidents.
2) Expliquer la signification de startle-effect eût été bien aussi.
3) (Note 51 de bas de la page 76) Quelques typos, ça compte ?
17×24 cm, broché, 200 pages, couverture souple