Roman
« Basé sur des faits réels…. »
Claude a-t-il inspiré Marc ou Marc est-il un Claude idéalisé, fantasmé ?
Nous laisserons nos lecteurs se poser (ou pas) la question à l’issue de la lecture de ces deux nouvelles qui -rassemblées sous la même couverture- constituent un agréable roman. Il restera indéniablement un moment plaisant à qui refermera cet ouvrage un peu particulier puisque de formule « deux en un ». En effet, combiner une histoire d’amour(s) avec une partie plus sombre qui reflète les vicissitudes de notre temps n’était pas nécessairement évident.
D’ailleurs, l’auteur avertit qu’il a légèrement retravaillé ce qui -à l’origine- était « La saison des pluies ou le trèfle à quatre feuilles » pour en faire « Le pilote »… permettant ainsi une transition naturelle avec « L’otage » dont l’action déportée de quelques années constitue le second focus sur la vie de Marc, retiré du métier des armes et qui désormais voue une partie de son temps libre à piloter au profit d’une ONG dans les contrées semi-désertiques.
La plume est fluide et le récit soigné, prévisible mais néanmoins peu banal. Pour le fana d’aviation, assurément le chapitre décrivant le vol saharien est un moment fort par sa justesse. Pour des yeux novices, malgré l’absence d’une nostalgie démultiplicatrice, il sera tout autant évocateur par le soin apporté à en faire le récit sans étalage technique. Ce roman revêt presque un côté initiatique tant pour le caractère principal que pour un lecteur qui n’aborderait que pour la première fois le monde du pilotage : c’est bien sur ce point que l’auteur a le plus réussi son entreprise.
Et l’otage ? me direz-vous …
Autant la première partie est une ode à la Vie, autant la seconde en serait presque le négatif ! Et pourtant, amené avec l’expérience et le regard de l’officier général qui commanda dans ces régions sub-sahariennes, écrit avec la distance de l’homme revenu à la vie civile mais qui a néanmoins vécu ces conditions spartiates et rencontré ces populations victimes de multiples maux, l’histoire est bien moins sombre que ne le laisserait penser les premiers chapitres.
Si la trame est finalement peu réaliste (on garde en souvenir les tentatives infructueuses d’interception à chaud de raids visant à prendre des otages ; mais aussi le délai toujours fort long des détentions qui tombent sous le joug de négociations sans fin), elle est un coup de lorgnette simple et efficace sur ces hommes dont le secret est le fondement de leur métier et de leur réussite. Mais aussi un éclairage sur ce qui fait qu’un contexte peut décider ou pas d’une telle opération. Là encore, Claude Gaucherand fait preuve d’une écriture simple, efficace au service d’un récit, dépouillé mais juste à point, de façon à ne pas perdre le novice tout en cultivant les ressorts du final.
Romancés, mais joliment écrits, ces deux textes finalement peu aéronautiques sont à mettre entre bien des mains.
François Ribailly
NOTA : Chaque partie recèle un chapitre violent qui pourrait déplaire aux personnes à la sensibilité extrême, bien que l’auteur ne s’attarde pas dans des détails morbides comme le font certains films ou émissions de télévision.
216 pages, 15,3 x 24 cm, broché
0,343 kg