Ne vous-y trompez pas ! Derrière son austère devanture, aux allures d’un simple bloc de papier Rhodia, c’est encore un petit bijou que nous a écrit Christian Ravel. Après Les planeurs de l’Avia, cette monographie écrite par l’animateur du GPPA d’Angers sur un célèbre petit planeur monoplace, l’Émouchet, était très attendue.
Le résultat est à la hauteur de nos attentes, et nous permet d’y voir plus clair au sujet d’une de ces machines dont le rattachement à un seul et unique constructeur (établissements d’État, Roche Aviation, Sévimia, Merville en l’occurrence) serait un trop grand challenge. Les premiers chapitres, consacrés à l’histoire de cet appareil, puis à sa description technique, sont vraiment très intéressants, que ce soit pour mieux appréhender la genèse de sa conception, puis les méandres de sa fabrication, ou pour connaître tous les détails morphologiques de la bête (Ah, les belles planches tirées de la notice originale d’utilisation et d’entretien !) Le chapitre racontant l’expérience en vol de l’auteur sur cet oiseau est ensuite un joli témoignage de la mentalité des clubs et des jeunes pilotes des années soixante.
Mais ce qui retiendra l’attention de plus d’un, c’est certainement le chapitre exposant les « utilisations particulières de l’Émouchet. Le choix du sujet de cette monographie paraît alors judicieux : version à pilotage couché conçue pour préparer la venue du Breguet stratosphérique (avec tous les enseignements de cette expérimentation), Émouchet – Escopettes propulsés par pulsoréacteurs, déclinaisons diverses en biplace (l’Eider puis les DACAL 105 et 106 dont la saga algérienne est narrée par Charles Rudel).
La seconde moitié du livre est ensuite consacrée à lister tous les exemplaires connus et répertoriés, avec leur histoire technique et leurs affectations. Cette liste très détaillée devrait contenter à la fois le spotter avide d’informations pour ses listes, l’historien local à la recherche des appareils ayant volé à tel ou tel endroit, et le pilote ravi de retrouver les machines qu’il a connues.
L’iconographie, que ce soit pour les clichés d’époque en noir et blanc ou pour les photos modernes en couleur, est de grande qualité. Au total, c’est donc un très bel ouvrage, à conseiller sans réserves… en attendant les prochains livres que nous concoctera, espérons-le, Christian Ravel.
Jean-Noël Violette
160 pages environ, 21 x 29,7 cm, relié, couverture rigide
Impression de luxe sur papier couché 135 g/m2
Près de 200 photos, plans, profils et illustrations diverses