Rappelez-vous : c’étaient les années cinquante. Dan Cooper pilotait son Triangle bleu à plus de Mach 4, Blake et Mortimer rencontraient une civilisation souterraine avancée en Atlantide, Lefranc affrontait une mystérieuse organisation menaçant le monde…
Les années cinquante sont passées, mais peu importe pour Bruno Marchand : le récit qu’il nous propose a un indéniable parfum du Journal de Tintin de la grande époque, des récits d’aventures traditionnels, où la vraisemblance cède le pas aux rebondissements et au suspens, et qui ne se sentaient pas obligés de choisir entre univers réel, science-fiction et fantastique.
Apparemment, il existe au pied du Mont-Blanc un lac encastré entre des falaises de glace, permettant l’amerrissage d’un BV 138.
Ou bien l’auteur avait juste envie de dessiner cet original trimoteur.
Il s’offre ainsi le plaisir de conter la vie d’un historien français pilotant un Westland Whirlwind dans la RAF, de faire amerrir un Blohm & Voss BV 138 dans la vallée de l’Arve, de dessiner Prague enneigée, d’explorer l’Égypte en Max Holste Broussard, de faire voler le Snecma Coléoptère, le Northrop HL-10, le Martin XB-51et le Mil V-12, ou encore de reprendre la légende de l’Atlantide. Rien de vraisemblable, évidemment : outre les aspects fantastiques et ésotériques qui surgissent çà et là, les éléments de la vie réelle confondent des endroits et des époques bien différents (la Mer de Glace est à 8 km du glacier des Bossons, une pharmacie pragoise a une devanture russe, des avions utilisés simultanément ont une décennie d’écart).
Mais les changements de lieu et de temps permettent d’entraîner le lecteur dans une histoire pleine de mystères, de machinations et de rebondissements : malgré un héros purement positif et particulièrement naïf, le rythme bien géré fait que l’on avale l’album d’une traite sans s’ennuyer.
Ça fait des semaines qu’il élude des questions, nous voilà face à un moment décisif, il m’envoie ailleurs sur un prétexte facile. Dois-je lui faire confiance ?
Sur le plan graphique, on note quelques faiblesses de perspectives (notamment sur les Whirlwind et sur la base de Brétigny) et des personnages pas toujours très expressifs. Ceci étant, la ligne assez classique et la mise en couleurs élégante donnent un résultat de facture sobre et traditionnelle, qui correspond bien tant à l’époque qu’à la tonalité du récit.
Nous voilà donc face à un album « à l’ancienne », qui rappellera de bons souvenirs aux nostalgiques de Jacques Martin, Albert Weinberg et Edgard P. Jacobs, auquel on évitera de reprocher une longue liste d’incohérences puisque, comme ses aînés, il se place résolument dans un univers d’aventures où tout est possible.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée
0,550 kg
Les albums de la collection « Le pouvoir des Atlantes »
Westland Whirlwind contre Messerschmitt Me 262 : un joli télescopage chronologique.
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet
Un Snecma C-450 Coléoptère en vol, encadré par des SNCASO SO-4050 Vautour II N ?
On ne se refuse rien !
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet
Un Martin XB-51 accompagne un « lifting body » (ancêtre de la navette spatiale) Northrop HL-10.
Visiblement, Bruno Marchand s’est régalé en appareils originaux.
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet