Pour celui ou celle qui veut se mettre aux fourneaux, pour préparer un bon petit plat ou un dessert, il existe depuis toujours les recettes de cuisine. Tradition vernaculaire au départ, puis elles sont transmises sous forme de fiches, de recueils, glanées de nos jours sur Internet, elles sont à la base de toute performance culinaire. Elles ne remplacent bien évidemment pas une formation, généralement familiale mais parfois professionnelle, mais elles en constituent le prolongement, l’outil indispensable lorsque le cordon bleu est livré à lui-même. Et lorsque les notions de base sont acquises, on se lance sans problème dans la plupart des réalisations, la recette est là pour servir de trame, d’assurance et de pense-bête.
En aviation il en va autrement. La formation est assurée par un instructeur et c’est lui qui apporte les ingrédients, qui transmet son savoir et qui enseigne les tours de main. En aucun cas, lors de la formation, un élève n’est amené à devoir expérimenter seul là où le candidat-marmiton peut tenter sa chance. Là où leur situation commence à être comparable c’est lorsque l’élève-pilote rentre chez lui, s’il peut sans problème se replonger dans la pure théorie de ses livres de cours, il n’a plus sous la main les recettes qu’il aimerait au moins pouvoir relire, les explications pratiques de son instructeur, ses trucs, ses formules mnémotechniques, ses tours de main pour les tours de piste.
C’est à cette demande que vient répondre le manuel sur lequel nous nous penchons aujourd’hui, ces « Leçons de pilotage » dont Jacques Attias et Gabriel Dartaguiette viennent nous présenter la cinquième édition. Au fil de toute une série de fiches, ils reprennent l’ensemble des savoirs que le pilote doit absorber lors de ces leçons, de la découverte de l’avion et de son environnement, via les premiers vols puis la progression de ceux-ci vers l’obtention ultime du sésame, le PPL puisque le brevet de pilote s’appelle désormais ainsi.
Dans quel autre manuel notre apprenti-pilote pourra-t-il retrouver ces petites choses dont il aura besoin, l’explication d’une mise en route de moteur, du roulage et des essais-moteur, l’utilisation des compensateurs ou de la bille, le rappel de l’endroit où doivent se poser les yeux au cours d’un exercice (repères ou circuit visuel), comment on rattrape un décrochage ou une vrille, les procédures à utiliser, la correction de dérive, la phraséologie, les erreurs à éviter, les pièges dans lesquels il ne faut pas tomber (gradient de vent par exemple), et une aide à l’analyse de ses propres réactions, fondement de l’influence des facteurs humains sur la sécurité ?
Et tant de choses encore, cet inventaire à la Prévert aurait du mal à être exhaustif sans ré-écrire le livre lui-même.
Pour faire la fine bouche, on pourrait juste suggérer aux auteurs de développer un peu ce que c’est que « d’assurer la sécurité » avant une mise en virage (page 88), notion expliquée paradoxalement de manière très succincte par rapport à l’ensemble du reste. Surtout en lisant qu’il faut « assurer la sécurité […] après la sortie de virage », la surveillance du cap d’arrêt demandant un peu plus d’anticipation.
En revanche, et c’est très appréciable, on sent que c’est vraiment un manuel prévu pour qu’on s’y réfère rapidement: Avant même d’entrer dans le vif du sujet, on nous propose déjà un sommaire par ordre alphabétique, un sommaire chronologique fondé sur le déroulement d’un vol, un glossaire des termes utilisés et une liste d’abréviations, signes et codes. Vraiment très efficace !
Voilà, vous tenez entre les mains le livre de recettes qu’il vous fallait pour tenter un vol-au-vent, pour réviser vos leçons d’ apprenti-saucier sans jouer les apprentis-sorciers…
Jean-Noël Violette
196 pages, 730 g, 21 x 29,7 cm, broché